Editors : Croisement générationnel
Musique

Editors : Croisement générationnel

Le combo anglais Editors revisite les ambiances crépusculaires de la new wave mais trouve l’inspiration chez ses contemporains.

Le rock est affaire de lignage et d’influences. Vous voulez attribuer à un groupe ses papiers d’identité? Il suffit de passer en revue sa discothèque. Simple comme bonjour. Ou peut-être pas. Prenez le cas d’Editors. Avec ses guitares tranchantes comme le barbelé et ses nappes de claviers éthérées, The Back Room, premier album du quatuor de Birmingham, en Angleterre, mériterait sa place aux côtés des meilleurs microsillons de Joy Division et des Chameleons.

Et pourtant… "Ce sont d’excellents groupes, répond le bassiste Russell Leetch, mais ils ne nous ont pas vraiment influencés. Nous sommes trop jeunes pour les avoir connus. La musique qu’on a écoutée à 15-16 ans, c’était plutôt Radiohead et R.E.M. Rendus à l’université, où le groupe a été formé, on a beaucoup écouté les Strokes et Elbow, avec qui on est devenus copains."

Ces influences sont bien assimilées, au point qu’il est pratiquement impossible d’en déceler trace sur les chansons qui composent The Back Room, album produit par le recherché Jim Abbiss (DJ Shadow, Björk, Arctic Monkeys…). Le son d’ensemble, clair, net et mordant, met en évidence l’aplomb de la section rythmique et laisse beaucoup d’espace à la voix "gorgeuse" du chanteur Tom Smith.

Les morceaux plus nerveux, parmi lesquels figurent les premiers extraits Munich et All Sparks, sont propulsés par une énergie brute qui, sur scène, trouve un formidable débouché. "On n’est pas du genre à regarder le bout de nos souliers pendant nos spectacles, confirme Russell Leetch. On veut que les gens soient transportés par la musique, alors on prend les moyens pour y arriver."

LA MUSIQUE, C’EST DU SÉRIEUX

Fiévreux et entier lorsqu’il foule les planches, le groupe se montre plutôt sage à la ville. Alors que certains bands passent le plus clair de leur temps à lever leurs collets à groupies ou à enfiler des pintes de bière au pub du coin, les Editors se concentrent sur la musique. On les imagine bien rentrer au bureau, pardon, au studio de bon matin pour travailler sur de nouvelles compositions.

Pas très rock’n’roll comme éthique. Soit. Mais le groupe s’assume. "C’est vrai que nous ne sommes pas du genre à défrayer la manchette des tabloïds, contrairement à d’autres groupes qui font grand état de leurs fréquentations amoureuses et de leurs habitudes pharmaceutiques. Mais la musique passe en premier lieu. Le reste nous concerne peu", affirme Leetch.

Pour leur première tournée nord-américaine, les Editors partageront la scène avec Stellastar, orchestre new-yorkais déjà aperçu quelques fois à Montréal. Chaque groupe disposera d’une heure pour défendre son matériel. Avec un seul disque et quelques faces B à leur répertoire, Leetch et ses acolytes auront peut-être le temps d’honorer quelque demande spéciale. "Ça nous arrive, quand on enregistre live pour la radio, par exemple. On nous a déjà demandé des reprises de Stereolab et des Talking Heads." Plutôt étonnant de la part d’un groupe qu’on croyait né de la cuisse de Joy Division. Ou peut-être pas…

Le 22 mars
Avec Stellastar
Au Cabaret
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