Malajube : Malades imaginaires
Malajube, un an après être tombé dans les meilleures grâces des critiques et des mélomanes avec son indie-pop accouplée à une énergie punk, est de passage dans la région. Rencontre avec nos jujubes préférés.
En décembre 2004, Malajube nous offrait ne plaquette qui allait extirper les critiques de leur torpeur avec ses 23 minutes ahurissantes, un alliage inespéré de pop acidulée et d’énergie punk, des textes déjantés, en français, qui savaient, pour une fois, éviter l’absurdité prévisible ou l’hyperréalisme. Un disque fait à la "va comme je te pousse", dixit Julien Mineau, chanteur de la formation de retour avec un second opus plus consistant, Trompe-l’oeil. Déjà, un peu partout, on déclare que "2006 sera l’année Malajube". Après de nombreuses écoutes fébriles de ce disque qui rend dingue, on vous le confirme: se gaver de jujubes rend gravement malade. Malade de Malajube.
Voilà qu’enfin l’indie-pop percutante a son pendant francophone avec Malajube, le groupe au nom à coucher dehors, fusion forcée et réussie entre la "maladie", côté dark du groupe, et les "jujubes", son pendant sucré qui rend hyperactif.
Le chanteur, principal parolier et guitariste de la formation, nous parle de ce nouveau disque dont on sait déjà qu’il se retrouvera dans notre palmarès des albums qui nous ont obsédés en 2006: "Quand on l’a composé, on était pas mal plus maganés qu’en ce moment. Maintenant tout va bien pour nous parce qu’on est des petits anges…", assure Julien Mineau avec un drôle de petit sourire en coin. "Depuis mars dernier, on peut vivre de notre musique, de l’argent qu’on fait avec les concerts et des subventions. Pour nous, ça marche. Si on avait signé avec une grosse compagnie, on n’aurait pas eu de problèmes. Mais on aurait trahi un paquet de monde."
Des offres alléchantes, Malajube en a reçu. Pensez aux plus importantes compagnies de disques: toutes sont venues cogner à la porte du local miteux de Malajube un jour ou l’autre, en passant par l’entrée principale ou par la porte d’en arrière, jouant cartes sur table ou s’essayant par en dessous. Avec douceur, stratégie et doigté, ou en mettant de la pression: rien à faire. Le quatuor devenu quintette pour les besoins du concert ("c’est complexe, il y a parfois jusqu’à 100 tracks par toune") est resté chez Dare To Care, un petit label reconnu pour son flair en matière de groupes punk.
Le groupe, sur le point de lancer ses albums en France et aux États-Unis, vient aussi de remporter le prix Tour Scandinavia qui lui permettra d’aller se faire voir en Suède, en Finlande et autres pays voisins. D’ailleurs, tout ça les dépasse un peu… "On a remporté un concours auquel on n’avait même pas participé! Un jour, un booker nous a envoyé un courriel nous demandant de faire une version anglaise de notre site Web et qu’il allait s’occuper de nous inscrire. Le lendemain, on apprend qu’on a gagné! À notre grand étonnement, car on savait même pas ce que c’était, d’ailleurs je le sais toujours pas plus aujourd’hui. Des petits bands new-yorkais nous en veulent parce qu’on a gagné ce concours auquel on s’est même pas inscrits, alors qu’eux en rêvent depuis toujours."
Sur Trompe-l’oeil, Malajube se paye le luxe de collaborations avec Loco Locass et Pierre Lapointe, réinvite Valérie Jodoin-Keaton (claviériste pour les Dears). Mais le plus saisissant, ce qui nous laisse éberlué quand on sort la loupe pour regarder de plus près, ce sont les textes. Au départ, on se dit que les paroles sont comme la porte d’une caverne qui ne s’ouvre pas quand on hurle "Sésame" à l’entrée. Puis, on se rend compte qu’il est beaucoup question d’amour et que pour écrire des trucs aussi délicatement ficelés que "Quand tu rugis, tu rougis, la bouche pleine de confettis et tu danses, danses, toute la nuit" (La Monogamie), ce Julien Mineau doit vivre de rock, d’amour, d’eau fraîche.
Le 18 mars
Au Vox Populi
Le 19 mars
Au Côté-Cour
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