Raphaël : L’ange vagabond
Raphaël vient de remporter trois Victoires de la Musique avec le très réussi Caravane, sans doute un des dix meilleurs albums francophones de 2005. Chansons nomades indélogeables.
Francis Hébert
Les CD s’empilent ou s’oublient, mais Caravane, lui, ne passe pas. Il reste indélogeable au sommet de notre pile. Ce troisième effort de Raphaël palpite d’une poignée de chansons irrésistibles, aux refrains qui ne vous quittent plus, une pop-rock acoustique, droite, fière. Indémodable. On ne s’en lasse pas. En France, les Victoires de la Musique viennent de lui décerner trois prix: artiste masculin de l’année, album chansons/variétés, chanson originale pour la pièce-titre, Caravane. Des trophées amplement mérités.
Chez Raphaël, tout commence par des études de droit: "Je ne sais pas vraiment à quoi je me destinais. Je ne voulais pas finir avocat, j’avais envie de faire de la musique, je me laissais un peu porter… J’ai fait des études en dilettante. Je faisais déjà de la musique; un jour, j’ai arrêté tout le reste pour ne me consacrer qu’à la chanson. Pour voir ce qu’il allait se passer", raconte Raphaël au bout du fil.
Et ça déboule. Dans la foulée, le chanteur rencontre Caroline Manset (la fille du chanteur Gérard, qui lui écrira quelques chansons), signe un contrat chez EMI, publie deux albums (Hôtel de l’univers en 2001 et La Réalité en 2003) qui obtiennent un certain succès, mais demeurent insatisfaisants pour les mélomanes, Raphaël n’ayant pas trouvé sa voie personnelle.
Arrive l’état de grâce en 2005, Caravane, dont certaines chansons rappellent Renaud: "Je me suis construit autour de lui, je le chantais toute la journée. Il arrive à être touchant, juste, bouleversant." Et maintenant, les rôles s’inversent. Avec l’immense succès populaire de Caravane, c’est toute le France qui chante Raphaël, et qui en pince pour sa gueule d’ange. Il incarne, dans ses albums et dans sa tenue, le fantasme du vagabond qui traîne sur les routes, guitare à la main: "Mon disque relève davantage du voyage immobile, je crois. Une caravane de gitans en banlieue, qui ne bouge pas. Il y a beaucoup de chansons d’amour, sur l’urgence, la fragilité." Et des hymnes à la vie, célébrations du quotidien – essentielles.
Raphaël
Caravane
(EMI)