Rémi Bolduc : Bobino en rediffusion
Musique

Rémi Bolduc : Bobino en rediffusion

Rémi Bolduc et son trio réveillent, le temps d’un spectacle, les airs radio-canadiens qui ont peuplé l’enfance de bien des baby-boomers. Un éloge de la mémoire tout en jazz.

Le saxophoniste Rémi Bolduc ne se souvient pas d’une enfance bercée par la musique. Contrairement à la plupart de ses collègues, il a grandi dans une maison silencieuse, dans un quartier de la classe ouvrière de Saint-Hyacinthe. Autour de lui, personne ne jouait d’un instrument. Son intérêt pour le saxophone relève ainsi presque du mystère. Voulant comprendre d’où lui venait son amour pour la musique, il a passé sa mémoire au peigne fin. "J’ai fait une espèce de psychanalyse! " rit-il. Ce retour en arrière l’a porté jusqu’en maternelle, moment où l’émission Bobino peuplait son imaginaire. Le voyage l’a ensuite mené vers Franfreluche, puis vers Rue des pignons. Tranquillement, le disque Cote d’écoute (2005) prenait forme.

Pour cet album, l’artiste en nomination comme saxophoniste de l’année lors les prochains Prix Jazz Report a arrêté son choix sur 13 indicatifs d’émission de Radio-Canada, 13 musiques simples qui lui offraient une belle liberté de création. Si les premières notes du projet ont été jouées de mémoire, la suite a demandé un peu plus de recherche, souligne-t-il. "Je voulais garder intacts les thèmes. Je les ai harmonisés un peu, mais, en général, c’est presque pareil, note à note. C’est l’arrangement qui change autour. Parce que moi, je l’entendais comme ça. Effectivement, une fois que le projet a commencé à se développer, j’ai bien vu qu’il y avait beaucoup de thèmes de Radio-Canada, et, là, j’ai décidé, plutôt que d’aller chercher des thèmes un peu partout, de rester dans ce créneau-là. En cours de route, je me suis dit que ça irait sans doute chercher du monde qui a écouté ces émissions. Mais ce n’était pas l’idée de départ."

De fait, avec Cote d’écoute, Rémi Bolduc attire de nouveaux publics lors de ses spectacles. Comme certains auditeurs paraissent un peu mal à l’aise avec le jazz, l’improvisateur situe toujours ses pièces. "Je pense que j’ai essayé de garder le caractère des émissions. J’ai gardé un petit côté de comment je me sentais par rapport à ces émissions-là. Pis, les gens ressentent ça. Ça leur rappelle des souvenirs. C’est un patrimoine!" Il continue: "Ce que je trouvais particulier, aussi, c’est que tu peux aller dans la rue, puis, tu rencontres un Québécois en haut de 35 ans et tu lui demandes s’il connaît Bobino, ou même s’il peut te fredonner la musique de Bobino. Et une grande, grande moyenne des gens est capable de le faire. Pourtant, ça fait des années qu’on n’a pas entendu ça."

Malgré tout, le jazzman aurait espéré davantage de bruit autour du projet. "Moi, j’aurais aimé que ça parte plus en grand, mais ça demeure du jazz. On a joué ce concert beaucoup plus que tous les autres. Et quand on a sorti l’album, après une semaine, il n’y en avait plus. Donc, ça a été un succès de jazz. C’est quand même un petit succès. Ce n’est pas comme la musique populaire. On n’a pas la même promotion." Et comment se quantifie un succès en jazz? "C’est petit, rigole Rémi Bolduc. Un très, très bon vendeur, c’est 2000 disques! En pop, ça serait un désastre. En jazz, il y a du monde qui vend 150 disques. Ce n’est pas un gros marché. Il faut vraiment aimer ça pour être jazzman."

Le 17 mars à 20 h 30
À la Pierre angulaire
Voir calendrier Jazz/Actuelle