Thomas Hellman : Le diable au corps
Thomas Hellman, porté par le succès critique de son album L’Appartement, vient nous en présenter la version scénique vendredi prochain au Granada.
Le chanteur Thomas Hellman ne fait pas dans la demi-mesure. En spectacle, celui qui manie guitare, banjo et piano déploie une intensité rare et se révèle complètement habité par ses chansons magnifiques. L’artiste de 30 ans avoue pourtant qu’avant d’entrer en scène, le trac lui tord tellement l’estomac qu’il en a envie de vomir. "Je suis un grand angoissé", lance-t-il entre deux bouffées de cigarette.
Mais l’angoisse sert bien Hellman. Le Montréalais a lancé l’été dernier L’Appartement, un album remarqué et porté aux nues. Presque entièrement francophone, l’album succède à l’anglophone Stories from Oscar’s Old Café, sorti trois ans plus tôt. En spectacle, Hellman nous fait surtout visiter son appartement, tout en proposant des incursions au café et en offrant de nouvelles chansons, pour la plupart bilingues. "J’aime mélanger les langues. C’est comme mélanger les styles musicaux", mentionne ce fils d’un Texan et d’une Française établis à Montréal. "Les gens aiment les étiquettes faciles. Moi, j’ai dit "Fuck that!" Si j’ai envie d’écrire dans les deux langues, je vais le faire, car je peux. Les limites dans le monde artistique viennent toujours de l’extérieur."
Exemple probant de ce mélange des langues, sa version de Mathilde de Brel, qu’il a traduite aux trois quarts en anglais et qu’on peut entendre sur son dernier album. "Je trouve que la version bilingue donne une autre dimension à la folie du personnage. Comme s’il glissait dans la schizophrénie."
UN CHEMIN À TRACER
Thomas Hellman a su, à 15 ans, lorsqu’il a vu son oncle folk singer en spectacle, qu’il suivrait ses traces. Ne lui restait plus qu’à dessiner son propre chemin. "J’ai dû apprendre la guitare, j’ai beaucoup voyagé et j’ai fait une maîtrise en littérature", raconte Hellman, qui ne conçoit pas son statut d’auteur-compositeur-interprète comme un métier. "Ça englobe toute ma vie. C’est le but de mon existence."
Et cette existence, Thomas Hellman s’émerveille qu’elle puisse être à la fois si belle et si désespérante. "Quand on va au fond et qu’on trouve la lumière, c’est là qu’on vit les moments les plus signifiants."
Le 24 mars à 20 h 30
Au Théâtre Granada