L'Art de passage : Nouveau tango
Musique

L’Art de passage : Nouveau tango

L’Art de passage, formation musicale d’Allemagne, a réalisé avec le violoniste québécois Helmut Lipsky un magnifique album inspiré du tango nuevo d’Astor Piazzolla.

L’Art de passage

est un collectif de musiciens allemands de formation classique qui a vu le jour il y a près de 20 ans, en 1987. Le noyau est formé du guitariste Rainer Rohlof, se consacrant à des projets très originaux (Barbara, Theodorakis), de l’accordéoniste Tobias Morgenstern et du pianiste Stefan Kling, tous deux spécialistes du tango. Le concept du groupe est précisément l’art de la transition, cette ouverture de la musique classique au jazz, au tango et à différentes musiques populaires comme le musette. Helmut Lipsky explique que sa rencontre avec les musiciens de L’Art de passage a été magique: "Il y a eu une chimie dès le début. Nous allions dans la même direction."

Le violoniste est né en Allemagne, mais a grandi en Suisse dès l’âge de cinq ans. Il vit à Montréal depuis 1980. Vers le milieu des années 80, il a fait partie du groupe Mélosphère, puis, au milieu des années 90, de Tricycle (avec Michel Donato et James Gelfand). Sa feuille de route est impressionnante et témoigne d’un éclectisme fascinant: collaboration avec des musiciens aussi différents qu’Eric Longsworth, Karen Young, Butch Morris, Andreas Vollenweider. C’est en Suisse qu’il rencontre les musiciens de L’Art de passage. Il les invite à jouer sur son album Moontide. Depuis 1999, le groupe a réalisé avec Helmut Lipsky sept tournées au Canada.

Stefan Kling, Helmut Lipsky, Tobias Morgenstern et le contrebassiste Wolfgang Musick ont enregistré, en 2004, au club de jazz de Berlin le BFlat, Au parfum de tango, un disque traversé par l’atmosphère du tango: "J’ai pris un grand plaisir à exprimer ces passions-là. C’est une musique qui utilise le langage du violon. Je pense au romantisme, à la musique tzigane. C’est sous nos doigts." Astor Piazzolla a, comme nul autre, maîtrisé cet art de transition qui exprime le désir de l’Homme de durer et son angoisse par rapport à ce qui lui échappe. Le groupe interprète cinq de ses pièces, dont l’émouvante Milonga del Angel: "Nous nous sentons proches de Piazzolla. Il a fait preuve d’une grande ouverture d’esprit, de beaucoup de courage, comme Debussy ou Zappa. Il est parti du tango pour intégrer d’autres musiques. Il a fait son propre langage."

Les compositions qui s’ajoutent expriment bien les affinités du tango contemporain avec l’impressionnisme et avec la musique ellingtonienne. La force de cette musique est de parvenir à exprimer les émotions les plus troubles de l’être humain tout en s’abandonnant au côté ludique auquel le tango invite. Gitango rappelle "l’histoire d’amour entre le tango et la musique tzigane". Dans Crime et Châtiment, Lipsky tente la fusion entre le tango, Chostakovitch, Prokofiev et Rachmaninov. Le plaisir de l’improvisation est manifeste dans Sons et parfums aux quatre vents: le pianiste évoque Caravan d’Ellington, le violoniste, ‘Round Midnight de Monk, et l’accordéoniste, une chanson de l’ancienne Allemagne de l’Est. Une occasion en or d’entendre de grands maîtres de la musique. Pour la tournée canadienne, la contrebasse sera tenue par Jean-Francois Martel.

Le 25 mars à 20h
À l’Anglicane
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