Festival Edgy Women : Au nom de la femme
Musique

Festival Edgy Women : Au nom de la femme

Le Tigre au repos, J.D. Samson en profite pour faire tourner les platines en Europe et débarque en ville au Festival International Edgy Women. Rencontre.

Féministe intrépide et rebelle, J.D. Samson passera en coup de vent dans la métropole au Festival Edgy Women mettant en vedette des femmes de disciplines variées. Après avoir quadruplé son auditoire l’an dernier, l’événement prend de l’expansion cette année et présentera les oeuvres d’artistes venant des quatre coins du globe.

Participante au Bernie’s Electronic Music Festival aux côtés de Bernadette Houde, Anne-Françoise Jacques de Minibloc et DJ Mini, Samson hésite avant d’enchaîner quelques mots sur ce qui attend les curieux le jeudi 30 mars. "Les gens en sauront davantage sur mon art, c’est certain. Et, bien sûr, ils entendront une poignée de chansons follingues et complètement délirantes qui me font craquer ces temps-ci."

Trimbalant ses platines groovantes et ses vinyles sur les routes européennes, Samson ne chôme pas. Celle qui accompagnera prochainement Peaches à travers le continent multiplie les contrats de disc-jockey tout en produisant occasionnellement des remix en compagnie de sa collègue du Tigre Johanna Fateman. Sans oublier son projet New England Roses ainsi que son engagement auprès de la communauté lesbienne. "Tu sais, je me considère extrêmement chanceuse parce que depuis cinq ans, je gagne ma croûte avec les sets de D.J. et mes projets. Je suis consciente que tout ça peut changer du jour au lendemain, mais j’arrive à m’adapter et à vivre de mon art, ce qui est fort gratifiant", raconte la Brooklynoise de 27 ans.

Amie de Sadie Benning, membre originale du Tigre, J.D. fait son entrée au sein du trio féminin en 2001 avec l’album Feminist Sweepstakes, qui marque le départ de Benning. "J’ai fait la connaissance de Johanna et de Kathleen (Hanna) presque au même moment. Ces rencontres furent mémorables, frappantes. Les deux filles m’ont toujours raconté que j’étais tombée des cieux dans chacune de leur vie, alors me joindre à leur projet fut aisé", explique-t-elle.

FEMME DE TÊTE

À la suite de la mort du mouvement féministe riot grrrl, précurseur du girl power et du célèbre Ladyfest, Samson croit fermement que les femmes ont été poussées à prendre leur place dans la société. "Le mouvement riot grrrl est parvenu à rassembler les femmes d’une manière significative et ainsi marquer l’histoire du féminisme, mais je continue de croire que l’essentiel reste d’aller de l’avant. Nous avons grandi, vieilli, évolué et notre communauté n’est plus la même. Il y aura toujours du cynisme à propos de n’importe quel mouvement et le féminisme n’échappe pas à la règle. L’activisme passe par une période difficile ces temps-ci parce qu’il y a énormément de raisons d’être enragées. Choisir sa bataille est la partie la plus compliquée de toutes", affirme la multi-instrumentiste.

Alors que Le Tigre fit paraître ses deux premiers opus sous la minuscule étiquette Mr. Lady, il souleva l’ire de plusieurs inconditionnels qui déploraient le déménagement chez le monstre Universal pour la parution de This Island en 2004. Décision qui allait à l’encontre de l’éthique du groupe. Des explications, Miss Samson? "Mr. Lady a cessé de faire paraître des disques et nous devions nous dénicher un nouveau label. Nous avons examiné de près toutes les possibilité; des petites compagnies indépendantes aux majors et finalement, le groupe a choisi Universal parce qu’il s’agissait du label qui semblait le plus apte à répandre notre message sans le diluer avec le contrôle artistique", soutient-elle.

Et ce message, à la fois profondément féministe et teinté d’idées politiques, le fougueux trio l’a perpétué, alliant discours de gauche revendicateur et mélodies pop, tout ça dans un esprit fièrement lo-fi. "Nous sommes des activistes et des artistes. Chaque jour, nous nous réveillons avec cette mentalité. Il est impossible pour nous de faire de l’art qui ne soit pas politisé d’une certaine manière. Nous sommes un projet artistique multimédia sous contrat avec un label majeur, mais il y a de la place pour la politique partout! L’idée demeure de ne pas avoir peur d’articuler sa pensée… même si vous êtes une femme." Comme le proclamait jadis le duo Cibo Matto: Viva la woman!

Le 30 mars à 18h
Au Studio XXX (338, Terrasse St-Denis)