Hymne au printemps : Force tranquille
L’Hymne au printemps se répercutera cette semaine en échos ensoleillés, célébrant du même coup la saison, symbole de renouveau, et la chanson, porteuse de poésie et d’espoir.
Les souliers juste assez sales, un pied sur le tabouret, ou fleurant le vent, cherchant toute sa vie à construire une maison qu’il ne verrait jamais véritablement s’ériger, Félix Leclerc aura au moins laissé sa trace dans le terreau de la culture québécoise. Aujourd’hui, plusieurs enseignants et artisans de la culture nous interpellent en son nom, pour qu’il ne sombre pas dans l’oubli. On peut penser, entre autres, au Camp littéraire Félix, un rendez-vous entre des écrivains de la relève et des auteurs établis, mais aussi à l’Hymne au printemps, un événement devenu incontournable depuis les dernières années.
C’est en effet le mandat que s’est donné Yvan Giguère lorsque, à la fin du siècle dernier, il a mis sur pied ce qui deviendrait l’un des plus importants concours de paroliers de toute la francophonie, qui trouve son apogée dans l’événement de l’Hymne au printemps. Il contribue ainsi à faire en sorte que l’oeuvre de Félix Leclerc se perpétue, que sa force tranquille continue d’alimenter l’espoir de certains d’entre nous, toujours en quête d’identité.
"À l’approche de l’automne, on baisse la voix, au printemps on parle fort", écrivit Leclerc dans ce calepin qui l’accompagnait dans toutes ses errances. Depuis huit ans, avec le printemps, Giguère offre justement à tous les paroliers canadiens de prendre la parole. Et la réponse est bonne: d’un océan à l’autre, on a pris la plume pour se donner des ailes.
Pour la deuxième année de suite, c’est Luc De Larochellière qui est porte-parole de l’événement et président du jury. "Ça a été un plaisir l’an passé de faire ça. C’est un plaisir de lire, de voir ce qui se fait. Lorsqu’on est juge, on est obligé d’avoir un regard vraiment critique et constructif. Ça m’aiguise comme lecteur, alors c’est sûr que quand je retourne sur mes textes, j’ai un regard différent…"
Le chanteur, qui présentera sous peu une compilation pour célébrer ses 20 ans de carrière, est très enthousiaste devant l’ampleur qu’a pris le concours. Il y a de quoi: de record en record, le taux de participation avoisine la démesure, avec 3525 textes soumis à la lecture chirurgicale des quatre juges, lauréats des années précédentes, devenus indispensables pour filtrer cette marée créative.
Le verdict est tombé mardi dernier, alors qu’on annonçait les lauréats de l’édition de cette année. Le premier prix a été accordé à Érick Lemieux, de Sherbrooke, pour la chanson Amadou. Celui-ci remporte un prix de 2500 $. Les autres prix ont été accordés à Andrée Bluteau, Jean-François Simard, Martine Richard et Dominic Labrèche. Les gagnants recevront leurs prix lors du spectacle de Luc De Larochellière, qui aura lieu le 25 mars, à l’Hôtel La Saguenéenne. Pour ce spectacle, ce dernier sera en duo avec Andréanne Alain: "Avec ce show acoustique, le texte est vraiment mis à l’avant-scène. Et peut-être l’émotion, aussi. Ça crée quelque chose de vraiment différent, que j’aime bien, aussi."
Pour le porte-parole, au-delà d’un rendez-vous populaire avec la chanson d’expression française, l’Hymne au printemps donne naissance à une institution qui doit consolider un pont entre les interprètes et des auteurs. "Au Québec, un peu tout le monde a tendance à vouloir tout faire… Auteur, compositeur et interprète… Je suis un très mauvais exemple, c’est exactement ce que je fais. Je pense que notre chanson, la chanson en général, gagnerait à avoir un peu plus de collaboration. C’est pas vrai qu’il n’y a pas de bons auteurs, c’est juste que les bons auteurs ne rencontrent pas les compositeurs. Quand on en trouve un qui est bon, tout le monde fait affaire avec lui…"
Encore cette année, l’hymne au printemps sera entonné par plusieurs artistes qui mettent chaque jour leur talent en oeuvre pour célébrer la langue française. Gaétan Leclerc, neveu et admirateur de Félix, lui chantera un hommage le 24 mars à l’Hôtel La Saguenéenne. D’autres artistes ont accepté d’être associés à cette fête, dont Stephen Faulkner et Nathalie Lessard (au Côté-Cour), Diane Dufresne (à l’Auditorium Dufour) et Jamil (à la Salle Thérèse-Plante).
Par contre, il serait réducteur de présenter l’événement comme une simple semaine de spectacles. En effet, le porte-parole donne aussi des conférences dans plusieurs établissements d’enseignement. Car le mot d’ordre est toujours le même: il faut établir le contact. "C’est des rencontres où je me raconte un peu, je fais un portrait de ma carrière, de qui je suis… Je chante quelques chansons, mais c’est surtout une interaction questions-réponses: "Tout ce que vous voulez savoir sur le monde de la chanson en général"…"
Alors ensemble, sur la piste de Leclerc, sortons bras nus dans la lumière pour chanter la liberté…