René Lussier : L'attrait du risque
Musique

René Lussier : L’attrait du risque

Le guitariste René Lussier est l’invité d’honneur du deuxième Festival L’Esprit du son (FES). S’étalant sur trois soirs, cet événement témoigne de la vitalité de la scène culturelle qui évolue en marge.

Sur la table, les miettes d’un croissant englouti il y a quelques minutes. René Lussier sourit. Assis dans la jungle matinale de la Chasse-Galerie, ce musicien aux 30 ans de métier passe presque inaperçu. Le cofondateur de l’étiquette Ambiances magnétiques compte pourtant plus d’une quinzaine d’albums à son actif et 55 musiques de film, dont celle de Ce qu’il reste de nous. Sans doute l’effet pervers de bosser dans les méandres de l’expérimental.

Épanoui, le musicien avoue ne pas s’abriter sous les draps de l’amertume. Évoluer en marge l’a obligé à s’organiser, à diversifier ses activités pour vivre de son art, d’où son poste d’enseignant en improvisation au Conservatoire de musique de Montréal et ses nombreuses allées et venues dans l’univers du cinéma. Mais cela n’a rien d’une corvée. Chaque collaboration, qu’il sélectionne avec soin, devient une aventure, un moment privilégié pour découvrir son métier sous un angle nouveau. Au fait, quelles qualités ont en commun les artistes avec qui il prend plaisir à travailler? Le guitariste, qui admire entre autres l’audace de Fred Fortin et le verbe poétique de Patrice Desbiens, déclare son penchant pour les personnalités qui ne craignent pas la vulnérabilité, qui ont le goût d’expérimenter. "Je préfère quelqu’un qui a plus d’ouverture, quitte à ce qu’il ait moins de technique", dit-il.

Lussier a toujours écouté son instinct. "Et il ne va pas nécessairement dans le sens de la business!" s’exclame-t-il en riant. Il tourne autour de la création et de ses possibilités illimitées. Il enchaîne: "Si mon objectif est de faire du fric avec l’art, je ne fais pas les bons choix." Lorsqu’un projet l’anime, il fonce sans penser aux conséquences. Après, seulement, il constate les dégâts ou la beauté du produit fini. "Quand tu ne prends pas de risques, tu restes en surface. Oui, c’est confortable. Mais, là, ce que tu risques, c’est peut-être de manquer ta vie un peu", souligne l’homme de 49 ans.

René Lussier est donc heureux de constater que des jeunes, peu frileux, donnent un lieu d’expression à toute cette culture émergente à l’occasion du Festival L’Esprit du son. Il participera d’ailleurs à l’événement en tant que collaborateur d’honneur. Il offrira les pièces de son plus récent album, Le Prix du bonheur, fortement inspiré par la musique hawaïenne. Il sera alors accompagné de Claude Lavergne (batterie), de Pierre Cartier (basse), de Liette Remon (violon) et de Pierre Langevin (clarinette).

LA LIGNE DU FES

Comme l’an dernier, le Festival L’Esprit du son se déroulera sur trois soirs. La formation Plaster ouvrira le bal le jeudi 23 mars, à 21h30. La finale de la première saison de la Ligue d’improvisation musicale du Festival L’Esprit du son suivra le vendredi 24 mars à 20h, en préambule à la prestation du groupe montréalais White Noise Ensemble. Le samedi 25 mars, des bands émergents prendront la relève, avant que René Lussier ne donne la note finale du rendez-vous.

Festival L’Esprit du son
Du 23 au 25 mars
À la Chasse-Galerie (UQTR)
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