Scout Niblett : Missile Scout
Scout Niblett, cet énigmatique personnage, détient une poésie acérée qui la rapproche de ces auteures et compositrices de la trempe de Cat Power et de PJ Harvey.
Aperçue il y a un peu plus d’un an sur la scène du Café Campus en première partie du sulfureux duo The Kills, Scout Niblett nous avait estomaqué. C’est avec une énergie brute que cette frêle et délicate jeune femme arborant une étrange perruque broussailleuse nous avait balancé ses chants déchirés tout en martelant furieusement sa batterie. La tension dramatique était palpable, voire dérangeante. "Me retrouver sur une scène peut être une expérience heureuse et bénéfique ou, à l’inverse, désastreuse", explique l’artiste d’origine anglaise à partir d’Austin où elle prenait part aux grandes réjouissances indie du festival South By Southwest. "En fait, les choses ne sont jamais nuancées chez moi. Je suis attirée par les excès. Sur une scène j’expérimente, je laisse toute la place à la spontanéité et à l’exploration. Je pousse ainsi la performance jusqu’à l’extrême de mes capacités. Cela peut donner de très mauvais résultats, mais avec les années cela arrive de moins en moins souvent."
Celle qui affirme que toute l’essence de sa personnalité se retrouve justement dans cet attrait des extrêmes se dévoile sans artifice; sur scène, un seul musicien l’accompagne et sa voix n’est appuyée que d’arrangements minimalistes surtout érigés à partir des pulsations nerveuses de la batterie. "Cet instrument agit comme un élément cathartique qui me permet de me dévoiler tout entière et d’exprimer ce que je suis en soulignant le vrai relief de mes émotions."
L’énergie crue, parfois désespérée, parfois naïve, de ses pièces, leur fureur et le sentiment d’urgence qu’elles véhiculent sont autant de traces qui nous laissent deviner que l’artiste fut marquée, dans les années 90, par les oeuvres issues du mouvement grunge: "J’étais la plus grande fan de Nirvana, s’exclame-t-elle. Les groupes de cette période m’ont définitivement beaucoup influencée, mais je n’ai jamais prétendu essayer d’en répéter le style. Ils m’ont surtout donné l’impulsion nécessaire pour que je me mette à faire de la musique. Ce sont davantage des guides que des modèles."
Ses deux derniers albums, soit I Am (2003) et Kidnapped by Neptune, paru l’an dernier sur l’étiquette Too Pure, ont été produits par l’illustre réalisateur Steve Albini qui a jadis collaboré avec Nirvana. Si on lui avait dit il y a quelques années qu’elle travaillerait un jour avec ce dernier, elle n’y aurait tout simplement pas cru: "Il a réussi à faire de mes albums des oeuvres fidèles à ce que sont mes spectacles. Il a su respecter mon désir de rendre ma musique dans sa plus simple expression, de manière très pure et très directe. En aucun moment il n’a proposé d’enterrer ma voix sous une tonne d’instruments. Trop de recherche formelle étoufferait la spontanéité et la pureté que je tiens à garder."
Le 27 mars
Au Main Hall
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