Värttinä : La voie mystique
Musique

Värttinä : La voie mystique

Värttinä séduit par ces voix de femmes enracinées dans la tradition folklorique finlandaise. En plus de participer à l’adaptation théâtrale du Seigneur des anneaux, l’ensemble présente son 11e album.

Les mélomanes passionnés par la voix humaine ont découvert avec fascination ces 20 dernières années la beauté, la pureté et la force hypnotisante du chant polyphonique de diverses traditions culturelles. L’un des meilleurs exemples demeure d’ailleurs Le Mystère des voix bulgares.

En Finlande, en 1983, de jeunes universitaires, dont Sari et Mari Kaasinen, originaires de Raakkyla, en Carélie, éprouvent un vif intérêt pour la musique vocale traditionnelle et pour la culture carélienne. Elles interprètent des extraits du Kalevala, long poème épique finlandais, en s’accompagnant au kantele, le principal instrument de la musique traditionnelle finlandaise. Le grand compositeur classique Jean Sibelius, qui s’est beaucoup inspiré de mythes et de légendes, n’aurait pas renié cette démarche.

De 1983 à 1989, Värttinä a pu compter de 8 à 15 voix de femmes. Le souffleur Janne Lappalainen, qui joue du bouzouki, du saxophone soprano et du kaval (flûte pastorale des Balkans), sera le premier instrumentiste à se joindre au groupe initial. En 1994, Hector Zazou, séduit par le chant rapide et énergique de ces femmes, les invite à participer à son fameux projet Chansons des mers froides. Puis, le nombre de chanteuses diminuera et le nombre de musiciens augmentera. La musique de Värttinä s’ouvrira aux couleurs de la pop, du rock et du jazz et laissera de plus en plus de place aux compositions.

L’album Kokko (1996) est fort représentatif de ce changement. En janvier 2006 vient de paraître le 11e disque du groupe, Miero (L’Exilé). Les trois chanteuses actuelles (Mari Kaasinen, Susan Aho et Johanna Virtanen) ont travaillé étroitement avec l’une des grandes voix de la musique d’avant-garde, Aija Puurtinen. Leur chant conserve des éléments de la culture traditionnelle: rythmes asymétriques, aspect percussif de la voix, utilisation originale des voyelles. "Sur le plan vocal, précise Lappalainen, nous utilisons un tas d’harmonies et, surtout, nous nous en servons de multiples manières." Les chansons parlent d’enfer et de vie terrestre, d’ombre et de lumière, d’émotions profondément enfouies dans l’être humain comme la haine et le désir de vengeance et, dans ce sens, offrent des affinités avec l’univers de Tolkien. Cependant, les pièces de Miero, qui seront présentées à Montréal cette semaine, ne font pas partie de l’adaptation du Seigneur des anneaux.

Réalisé par Shawn McKenna et Matthew Warchus, Lord of the Ring version théâtrale sera créé en première mondiale à Toronto le 23 mars. En collaboration avec le compositeur indien Allah Rakka Rahman, célèbre pour ses trames sonores au cinéma, les membres de Värttinä ont écrit la musique du spectacle. Lappalainen nous parle de ce projet et du défi à relever: "Nous couvrons la trilogie au complet. Évidemment, nous ne pouvions pas tout représenter. Alors, nous avons fait des choix. Ce que nous voulions avant tout, c’est de raconter une histoire captivante. Rahman est un homme d’une grande simplicité. Il a proposé des sonorités et nos deux univers ont produit un mélange original. Le défi, c’est de travailler de concert avec d’autres médias. Nous avons réalisé des arrangements pour plus de 50 voix. L’identité de Värttinä est préservée dans le sens où vous allez reconnaître les sons du bouzouki, de l’accordéon, du violon. Ce sont les mêmes musiciens, mais entourés des instruments d’un orchestre symphonique, par exemple le violoncelle".

Le 26 mars à 20h
Au Kola Note
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