Meligrove Band : Tuer l'ennui
Musique

Meligrove Band : Tuer l’ennui

Mississauga. Juste à dire le mot, on goûte presque la pollution. On devine la grisaille des cieux puis on s’imagine les teintes mornes des bâtiments industriels et de la stérile banlieue environnante. Une part étonnante des produits consommés au Canada sont manufacturés, embouteillés ou assemblés à Mississauga. Pas nécessairement un paradis pour jeunes mélomanes. Mais Jason Nunes (voix), Michael Small (basse), Andrew Scott (guitares, claviers; ex-Femme fatale recruté en 2002) et Darcy Rego (batterie), tous dans la mi-vingtaine, y ont longtemps vécu et y ont modelé le Meligrove Band pendant plus d’une décennie. "C’est un regroupement de banlieues industrielles qui étaient très proches les unes des autres et qui se sont incorporées", rapporte Mike Small, tout juste rentré du SXSW à Toronto, où la bande est maintenant établie. "Aujourd’hui, Mississauga est une ville, mais pour une longue période, ça consistait en plusieurs endroits éparpillés où des gens vivaient, avec de grands espaces vides entre eux. Alors on y a développé une grande dépendance envers l’automobile. Tu ne vois jamais personne dehors en train de faire une promenade à pied; les rues principales sont en fait des autoroutes à six voies avec rien d’autre, sans vrais commerces ou quoi que ce soit. Et je crois que ça a créé un problème d’isolement pour bien des gens qui ont grandi là, particulièrement quand tu es trop jeune pour conduire; tu peux rien faire d’autre que rester chez toi. Comme nous; on a passé notre adolescence à la maison, à jouer de la musique; tous les jours après l’école, puis toutes les fins de semaine. C’est comme ça que le groupe est né…"

Après l’accueil enthousiaste réservé aux albums Stars and Guitars (Ductape, 2000) et Let It Grow (Endearing, 2002), Jason, principal compositeur de l’ensemble, s’est épris du piano parental pour écrire l’essentiel des pièces de Planets Conspire (V2), lancé en janvier. "Il ne croyait pas qu’on les utiliserait pour le groupe, confie le bassiste. Mais il nous les a fait entendre et nous les avons vraiment aimées. On les a donc travaillées ensemble pour leur donner une dimension de groupe." Toujours axé sur les mélodies vocales, les rythmiques et orchestrations éclatées, le nouveau matériel du groupe a été immortalisé live avec l’aide de Jose Contreras (By Divine Right). "Il voulait vraiment qu’on se concentre sur comment on ressentait le tout, et non sur comment ça sonnait", explique Small. "Par exemple, si l’on pensait avoir fait une erreur, il disait: "Oui, il y a cette erreur dans cette prise, mais écoutez l’émotion qui se dégage; c’est nettement meilleur que cette autre prise ‘parfaite’." Alors on a beaucoup travaillé dans cet esprit-là", ajoute-t-il, soulignant avoir écouté quantité de Neil Young et de Led Zeppelin au cours des séances d’enregistrement. "Nous voulions quelque chose de plus animé, de plus inspiré, de plus vrai et de plus vivant. On s’est vraiment laissés aller. On ne voulait pas trop réfléchir à ce qu’on faisait; seulement être nous-mêmes et que ça sonne authentique…"

Le 1er avril
Au Kashmir
Voir calendrier Rock/Pop