Oliver Jones : Reprendre les notes
Musique

Oliver Jones : Reprendre les notes

Oliver Jones sort de sa retraite et revient en force en 2006: tournée de plus de 50 concerts rien qu’au Québec, un premier DVD en février dernier et un nouvel album en juin.

Oliver Jones

a quitté la scène en l’an 2000. Mais c’était sans compter avec la promesse qu’il avait faite à André Ménard de souligner le 25e anniversaire du Festival international de jazz de Montréal en participant au concert de fermeture à la Place des Arts en 2004. Moment historique s’il en est: Oliver Jones et Oscar Peterson devaient partager la scène. Le concert fut enregistré (le DVD Serenade en ravive la mémoire), et l’on devine la suite: "J’étais très heureux dans ma retraite. Durant ces quatre années, je n’ai presque pas touché au piano. Ça ne me manquait pas. Mais les demandes ont afflué, 59 juste au Québec, puis Calgary, Edmonton. J’ai l’impression de recommencer une nouvelle vie, comme Hank Jones, ou comme Roy Haynes, mon cousin."

Le répertoire de Serenade traduit le goût d’Oliver Jones pour le rythme mais aussi pour les mélodies des grands compositeurs: Hoagy Carmichael (Georgia on My Mind), Harold Arlen (Over the Rainbow), Bernstein et Sondheim (Somewhere), Gershwin (Medley): "J’aime les pièces des années 30-60. Il s’agit d’abord et avant tout de respecter ces mélodies. Il y a des gens de 35 à 85 ans dans mon public. J’ai la chance de pouvoir plaire à beaucoup de personnes. Je suis attentif à l’expression des gens. C’est important qu’ils sentent que je joue pour chacun d’entre eux."

Oliver Jones a été profondément motivé par Oscar Peterson, l’homme et le musicien: "J’ai vu Oscar chaque jour dès l’âge de sept ans. Il demeurait à une vingtaine de portes de chez moi. Nous nous rendions à la même église. À cette époque, les possibilités de réussite étaient rares pour les Noirs. Oscar s’est imposé une rigoureuse discipline. Moi, quand j’ai le temps de me promener dans Saint-Henri, je parle aux gens. C’est important que des gens issus de leur quartier aient réussi. C’est sûr que le jeu d’Oscar m’a beaucoup influencé. Mais, à la fin des années 50, j’ai été, autant que lui, fasciné par Bill Evans, par sa nouvelle approche. Par moments, on peut entendre les accords de Liszt!"

Sur l’album qu’Oliver Jones a signé avec Ranee Lee en 2005, Just You, Just Me, une pièce comme Images témoigne d’une modernité certaine. Quelle différence y a-t-il entre le jeune Oliver Jones et celui d’aujourd’hui? "Je crois qu’il n’est pas nécessaire d’être si technique. Auparavant, j’essayais de tout dire en l’espace d’un chorus! Maintenant, j’essaie de trouver des couleurs. Je pense à Hank Jones." Récipiendaire du Prix de la Gouverneure générale, le pianiste part en tournée avec Éric Lagacé (contrebasse) et Jim Doxas (batterie). Pour neuf des concerts, se joindront à eux la chanteuse Ranee Lee et le guitariste Richard Ring. Comme préparation au concert, lire la magnifique biographie écrite par Marthe Sansregret, Oliver Jones, le musicien et l’homme, publiée en 2005 chez Stanké.

Le 1er avril à 20h
Au Grand Théâtre
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