Arab Strap : Et la lumière fut
Arab Strap délaisse de plus en plus le profond spleen qui le caractérisait autrefois et, avec Last Romance, son sixième album, fait même un bon splendide vers des espaces empreints de sérénité.
Sur les tout premiers efforts du duo écossais (The Week Never Starts Round Here en 1997 et Philophobia en 1998, entre autres), c’était loin d’être la joie qui régnait. Soporifiques, voire déprimantes, les chansons du chanteur Aidan Moffat et du multi-instrumentiste Malcolm Middleton laissaient à l’auditeur une puissante impression d’amertume. Avec une voix dépourvue de vigueur, un ton monotone et une écriture directe livrant sans pudeur de nombreux détails sordides, Moffat se faisait le narrateur de récits personnels où dominaient l’angoisse et la perdition. La quête amoureuse, toujours au premier plan, s’égarait dans des dédales de confusion où étaient omniprésents le sexe, la drogue et l’agressivité pour se buter, au final, au constat d’échec. Malgré tout, si on était loin de se réjouir à l’écoute de ces albums, quelque chose de réconfortant en émanait, une sorte de grâce et d’extase désespérées.
Last Romance, paru il y a quelques semaines, se fait encore moins sombre que le précédent Monday at the Hug and Pint (2003) qui déjà témoignait d’une énergie rock et d’une puissance mélodique plus soutenues. "Rien dans notre manière de composer n’a vraiment changé, explique Moffat, mais il est vrai que nous voulions tenter quelque chose de différent. Nous nous sommes appliqués à faire un album dont l’effet serait immédiat, qui serait plus rock et plus vivant, donc qui serait plus représentatif de nos prestations scéniques. Notre musique a toujours été beaucoup plus enjouée en spectacle que sur les albums."
Mais tout n’est pas devenu rose et radieux pour autant chez Arab Strap. L’amour est toujours une donnée aussi problématique, aussi difficile à obtenir qu’à vivre, mais, tel que le laisse deviner There Is No Ending qui clôt l’album sur une note positive, l’espoir est permis: "Not everything must end / Not every romance must descend / Not every lover’s pact decays / Not every sad mistake replays". "Quand nous entamons une nouvelle relation avec quelqu’un, nous espérons toujours qu’il s’agisse de la bonne histoire, donc de la dernière, d’où le titre du disque qu’il faut interpréter comme un message d’espoir et non comme une affirmation fataliste."
Parmi ceux qui ont déjà assisté à un concert du groupe, certains ont peut-être été déçus du manque de rigueur de la prestation. Les dérives alcooliques des musiciens prenaient souvent le dessus sur le souci de bien performer. Moffat se montrait parfois déplaisant et arrogant et ne se gênait pas pour lancer des boutades misogynes et des propos peu reluisants contre ses anciennes copines. "Ça a beaucoup changé, rigole-t-il. Plusieurs musiciens nous accompagnent, dont une section de cordes, et cela nécessite plus de préparation et plus de sérieux. Ce sera un spectacle beaucoup plus intéressant que tout ce que vous avez pu voir par le passé", nous assure-t-il enfin.
Le 5 avril
À La Tulipe
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