Dom Minier : Ah si mon moine venait chanter
Dom Minier pratique la règle de saint Benoît qui veut que l’on se livre à la psalmodie – l’art de chanter les psaumes – de telle sorte que notre esprit soit en accord avec notre voix.
Parmi les communautés monastiques établies en terre québécoise, l’abbaye bénédictine de Saint-Benoît-du-Lac est assurément l’une des plus dynamiques et florissantes. Même si elle a dû composer comme les autres avec une crise des vocations depuis une vingtaine d’années, il n’en reste pas moins qu’elle réussit à bénéficier d’une renommée plus que favorable, qui s’étend bien au-delà des frontières de la province.
Un tel succès est en partie attribuable à la qualité des produits qu’on y retrouve, tels que le fromage ou le cidre, mais aussi à ce qui fait partie intégrante de la vie de ces moines: le chant grégorien. S’il existe déjà des enregistrements plus traditionnels de ces chants par les moines de l’abbaye, une idée germa il y a quelques années dans la tête de Dom Minier, moine à l’abbaye depuis maintenant 41 ans. Il s’agissait d’interpréter ces chants séculaires en les accompagnant d’une musique moderne. N’étant pas musicien lui-même, Dom Minier demanda à de jeunes musiciens de composer des airs susceptibles de servir les textes sacrés, mais il eut à surmonter quelques réticences, notamment au sein de sa propre communauté, qui craignait une récupération facile de ce patrimoine religieux, du genre de celle qu’avait faite sans vergogne la formation Enigma. Il en résulta trois albums, dont seront extraites les pièces présentées dimanche prochain.
Homme affable et d’une grande humilité, Dom Minier répond volontiers à nos interrogations. Lorsqu’on lui demande si le contact avec les textes sacrés en latin est possible pour les générations qui n’en possèdent aucun rudiment, Dom Minier y va d’une comparaison avec la popularité du chant gospel: "Bon nombre de personnes assistent à des spectacles de gospel sans pour autant maîtriser l’anglais, ce qui toutefois ne les empêche pas de vibrer à cette musique. Je crois que la même chose est possible avec le chant grégorien, qui en lui-même transmet une ambiance, un message, auquel est réceptif le public."
Et quand vient le temps de savoir si la perspective de se produire dans un lieu profane tel que le Théâtre Granada ne dilue pas le message qu’il veut livrer, on imagine un sourire à l’autre bout du fil: "Cet événement ne représente qu’une mince partie de ma vie monastique. Et puis il s’agit moins d’un spectacle que d’un partage, celui de mon expérience comme moine. L’idée était de témoigner de ma foi, de témoigner de la présence du religieux, mais en disant les choses autrement, en allant à la rencontre d’un public qui autrement n’entendrait pas ce message."
Pour ceux qui éprouvent des réticences envers une telle formule, sachez qu’il est possible d’assister aux divers offices célébrés quotidiennement à l’abbaye Saint-Benoît-du-Lac – y compris celui des matines célébré à 5h du matin – pour autant qu’on y observe le respect du silence inhérent à la vie monastique. Au Granada, Dom Minier sera accompagné de trois musiciens.
Le 2 avril à 15h
Au Théâtre Granada
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