Neko Case : Ça va mieux
Musique

Neko Case : Ça va mieux

Neko Case se retire provisoirement des projets d’autres artistes auxquels elle collabore pour revenir à ses propres chansons, trimbalant sur la route un nouvel album aussi génial que le précédent. Mais quelque chose a changé.

Tucson, Arizona. Neko Case et son groupe procèdent à l’embarquement de l’équipement nécessaire pour la tournée qui débute, équipement qui séjournait depuis l’enregistrement du dernier album, Fox Confessor Brings the Flood, dans les locaux du studio où il a été réalisé.

On imagine le vent du désert qui caresse les rues, tandis qu’à l’autre bout du fil, les mots caracolent, la rouquine laissant deviner un sourire gros comme ça au fil des mondanités en début d’entrevue.

"Je me sens vraiment bien, confie-t-elle. Ces derniers temps, j’ai fait beaucoup de sport, du vélo de montagne, du snowboard… et surtout, je suis vraiment soulagée que cet album soit enfin terminé", laisse-t-elle tomber en éclatant d’un rire enfantin qui tranche avec le souvenir qu’on avait d’une femme qui semblait souvent exténuée, et parfois même grave, lors de précédentes entrevues.

Suite de l’inoubliable et ténébreux Blacklisted (si on exclut le live paru en 2004, The Tigers Have Spoken), Fox Confessor… tend lui aussi vers plus de légèreté qu’à l’habitude. La Virginienne d’origine y distille toujours ses poétiques fables country, on sent encore la noirceur poindre et la tension dramatique demeure palpable dans cette voix qui vous vrille l’âme, mais il y a cette fois une lumière qui s’accroche à la ligne d’horizon. Une impression presque purement musicale, puisqu’il est impossible de se fier aux textes pour s’adonner à ce genre d’analyse, celle qui cumule les projets – dont une collaboration avec le groupe The New Pornographers – ayant pris l’habitude de brouiller les pistes.

"C’est vrai, c’est un album plus léger que le précédent, je crois, mais en ce qui concerne l’opacité de certains textes, je préfère induire une émotion plutôt que d’imposer une idée. Au départ, ces chansons sont beaucoup plus claires, leur sens est mieux défini, mais après, je les modifie, je pense à ceux qui les écoutent, et je veux leur laisser une part d’interprétation. Est-ce aussi par pudeur que je le fais? Je ne sais pas. Peut-être…"

"Ces chansons ne parlent généralement pas de moi, du moins, pas directement, enchaîne-t-elle. Par ailleurs, sur ce disque, j’ai mis ma première chanson qui soit véritablement autobiographique (Hold On, Hold On). D’où venait cette réserve, avant? Sans doute de mon éducation. Chez moi, parler de soi revenait à commettre un péché de vanité, ce qui était probablement la pire des choses pour ma famille."

"The most tender place in my heart is for strangers / I know it’s unkind, but my blood is much too dangerous", chante-t-elle avec imprudence sur cette première pièce qui puise dans un vécu qu’on devine du coup assez douloureux pour souhaiter l’enfouir dans l’impénétrable forêt de métaphores qui forment habituellement ses textes.

Mais cette chanson, dont elle admet qu’elle recèle un pouvoir cathartique, cette excitation à l’idée de prendre la route et cet immense sourire qu’on devine à des milliers de kilomètres annoncent de meilleurs jours. Une libération?

"J’avais tellement de difficulté à parler de moi qu’il m’a fallu un bon moment avant d’être à l’aise en entrevue, avoue-t-elle finalement. Je ne comprenais pas que quelqu’un s’intéresse à ce que j’avais à dire. Ça n’avait pas de sens. J’avais toujours peur de paraître prétentieuse. Maintenant, je crois que ça va mieux."

Le 4 avril
Au Club Soda
Voir calendrier Rock / Pop