Calexico : Journée d'Amérique
Musique

Calexico : Journée d’Amérique

Calexico lance Garden Ruin, son cinquième album. Il s’agit de l’oeuvre la plus accessible et la plus réconfortante que le groupe ait produite en près de 10 ans de carrière, mais aussi la plus engagée. Rencontre.

À peu de temps du grand jour, soit celui de l’apparition en magasin du successeur de Feast of Wire (2003), c’est un Joey Burns visiblement calme et confiant qui est attablé devant nous: "Nous sommes enchantés à l’idée que cet album paraisse enfin, lance le chanteur et multi-instrumentiste. Nous y avons travaillé si fort et si longtemps. Jusqu’ici, les commentaires sont très favorables et nous nous sentons confortables avec ces nouvelles chansons."

Et de quel oeil voit-il l’étape, si ingrate pour certains, de la promotion? Comment aborde-t-il le fait de devoir rencontrer une kyrielle de journalistes afin de leur présenter cette nouvelle production? "Comme nos chansons continuent de prendre forme en studio, on passe énormément de temps enfermés, à s’acharner sans avoir de repères extérieurs. En étant aussi imprégné dans le moment présent et dans la création, tu ne penses pas vraiment à ce que ça va donner ou à ce que ces pièces pourront signifier pour les gens. Alors j’adore aller à la rencontre des journalistes d’un peu partout dans le monde comme je le fais en ce moment, cela nous offre un premier regard extérieur sur ce que nous avons bâti; et cela nous donne un aperçu de ce que les chansons pourront représenter pour des gens de Montréal, d’Athènes, de Finlande ou de Pologne. C’est fascinant."

Depuis que le projet de Calexico a vu le jour, Burns et son acolyte, le batteur John Convertino, ainsi que tous les musiciens desquels ils s’entourent, refusent de stagner et se font un point d’honneur de toujours défricher de nouveaux territoires musicaux. Chacun de leurs albums se démarque nettement du précédent et témoigne d’une grande perméabilité aux influences de provenances diverses. Au fil des ans et au gré des pérégrinations du groupe autour du globe, on aura ainsi entendu s’immiscer dans leur oeuvre des sonorités provenant du Sud-Ouest américain, des traditions mexicaines, du jazz, de la musique latine et klezmer. On décèle encore sur Garden Ruin un grand nombre d’influences disparates, mais celles-ci se font plus discrètes et subtiles, étant filtrées à travers une formule folk-rock plus cohérente que par le passé. "Avec cet album tout particulièrement, nous avions le désir d’aller ailleurs. Après quelques disques, il serait trop facile de se cantonner dans la même routine et d’utiliser les mêmes techniques."

Question d’apporter un souffle nouveau à ce disque qui a pris forme entre le studio Wavelab de Tucson (Arizona) et le studio Brooklyn Recording de New York, ils en ont confié la réalisation à JD Foster, un ami de longue date avec lequel ils n’avaient encore jamais collaboré. "On retrouve de nouvelles teintes et textures grâce à sa réalisation, explique le musicien. Mais nos compositions se font aussi plus atmosphériques et plus prenantes sur le plan émotif. Et côté influences, cet album emprunte moins de directions différentes que les précédents, chose à laquelle il a été assez ardu de parvenir car nous avons l’habileté d’exécuter beaucoup de genres musicaux différents. On y dévoile encore plus qu’auparavant nos préoccupations politiques et sociales; il m’apparaissait primordial d’exprimer ce ras-le-bol partagé par plus d’un devant la situation politique des États-Unis."

Le fait d’avoir collaboré avec Sam Beam, d’Iron & Wine, au mini-album In the Reins, paru l’an dernier, a également laissé une forte empreinte sur le chanteur: "Cet artiste m’a surtout appris à emprunter des voies plus intimes et plus introspectives qui, je crois, peuvent contribuer à établir un plus grand lien de proximité avec l’auditeur."

GARDEN RUIN
CALEXICO
QUARTERSTICK RECORDS