Franz Ferdinand : Pleins gaz
Musique

Franz Ferdinand : Pleins gaz

Franz Ferdinand, couronnés rois du rock, ont fait le tour du globe à maintes reprises et s’amènent en ville pour une troisième fois en deux ans. Une spirale tout aussi aspirante que dangereuse.

À l’heure où vous lisez ces lignes, le concert que donneront la semaine prochaine au CEPSUM les Franz Ferdinand affiche déjà complet: 5300 billets vendus en quatre jours! Voilà qui tend à faire mentir les détracteurs de You Could Have It So Much Better, deuxième album de la troupe écossaise, jugé décevant par plusieurs critiques rock.

Après avoir fait l’unanimité avec son premier disque éponyme vendu à 3,8 millions d’exemplaires (dont 135 000 au Canada), Franz Ferdinand incarne le portrait type du groupe soumis à l’atroce pression du deuxième effort. Dans une certaine proportion, réussir avec succès ce fatidique test s’avère l’étape la plus casse-gueule que vivra une formation. Rappelons-nous que le processus menant à la naissance du compact contenant le méga-succès Take Me Out s’était échelonné sur environ un an et demi. Dix-huit mois, c’est également le laps de temps qui sépare la sortie du premier et du deuxième album des Franz. Mais cette fois, les rockeurs ne composaient pas peinards à Glasgow, loin des projecteurs. Ils ont plutôt écrit You Could Have It lors de multiples tournées mondiales – 300 concerts en près de deux ans -, et l’ont rapidement mis en boîte chez le chanteur Alex Kapranos pour reprendre la route aussitôt. Dans des conditions de création loin d’être idéales, on demande donc à un groupe d’égaler, en termes de qualité, un album qui passera sans doute à l’histoire. Pas évident.

"C’est clair que nous étions conscients du danger, explique le bassiste Bob Hardy. En fait, notre but était surtout de ne pas se répéter." Un objectif atteint partiellement.

Si You Could Have It s’ouvre sur les chapeaux de roues avec les titres The Fallen et Do You Want To, s’enchaînent ensuite de nombreuses pièces "Franz classique" qui auraient bien pu voir le jour sur l’album éponyme. Honnêtement, qui se souviendra de Well That Was Easy ou d’I’m Your Villain? Sur 13 chansons, seules les plus douces Walk Away, Eleanor, Put Your Boots Back On et Fade Together marquent un réel changement avec leurs arrangements périlleux et plus mélancoliques. "Au moment d’enregistrer ces pièces, nous voulions exploiter un registre plus doux, folk et atmosphérique. Ce deuxième disque devait refléter nos différentes influences. Nous ne passons pas nos temps libres à écouter du disco-rock aux rythmes carrés. Nous avons plus de goût que ça. Mais pour être franc, bien qu’écrire sur la route semble une mission hasardeuse, c’était notre choix. Oui, nous aurions pu prendre notre temps et lancer notre deuxième parution trois ans après le disque éponyme, mais cette démarche ne nous enchantait guère. Les groupes mettent trop de temps à travailler sur un album. Nous préférons le modèle des Beatles qui lançaient un (ou même deux) 33 tours par année. Si tu prends trop de temps, tu risques de t’éparpiller et de te casser la tête en essayant de tout complexifier."

L’avenir révélera l’efficacité de la stratégie, mais les Franz entendent poursuivre dans cette voie, travaillant déjà sur le successeur de You Could Have It. De passage en Australie au mois de janvier, la troupe a profité de quelques jours de répit pour s’arrêter en studio au pays des kangourous. Ils ont récemment fait de même à Sao Paulo, où Bob, Alex, le batteur Paul Thomson et le guitariste Nick McCarthy ont invité quelques musiciens brésiliens à coucher des pistes de cuivres sur ruban. "C’était la première fois que nous invitions d’autres musiciens à nous rejoindre en studio. Nous l’avons fait, car seuls des joueurs de cuivres typiquement brésiliens pouvaient nous aider à capter sur disque la chaleur exotique du pays. Avec le travail effectué en Australie, je peux confirmer que le prochain compact sera plus folk et moins disco-rock. Je ne sais pas quand il sera lancé, mais nous n’attendrons pas bien longtemps."

Comme dirait l’autre, il faut battre son frère lorsqu’il est chaud.

Le 15 avril
Au CEPSUM