Jon Mayer : Douce mélodie
Le pianiste Jon Mayer est né dans le be-bop et dans la chanson populaire des années 50. Il se produira au Largo en compagnie de Darek Oles, l’un des contrebassistes les plus actifs de la scène du jazz de Los Angeles.
Jon Mayer
a été formé dans l’environnement exceptionnel du New York des années 50, terreau fertile de transformations majeures dans l’histoire du jazz: "J’ai été exposé à plein de choses excitantes. Quand j’étais jeune, mes parents m’amenaient voir des comédies musicales comme My Fair Lady avec des orchestres de 35 musiciens dans la fosse! C’était aussi l’âge d’or de la radio. J’étais charmé par les chansons populaires, par leurs mélodies irrésistibles, comme Be My Loved, de Mario Lanza. C’est aussi l’époque où Norman Granz a commencé à produire Jazz at the Philharmonic, avec Illinois Jacquet. Puis, il y avait, au moment où j’apprenais à jouer, la scène des jam sessions."
Manifestement, Jon Mayer a été influencé par Horace Silver, Red Garland, Bill Evans (pour le sens de l’harmonie, les accords modernes, la fluidité du jeu), mais aussi par bien des souffleurs comme Benny Golson, Jacqui McLean et John Coltrane: "J’étais fou de Coltrane, de sa façon de développer ses lignes mélodiques." Mayer a remplacé Bill Evans au sein du quartette de Tony Scott, puis, dans les années 60, a fait partie du Kenny Dorham’s Big Band.
Depuis 1991, Jon Mayer a enregistré cinq disques, dont trois pour le label Reservoir: Full Circle (2002), The Classics (2003) et My Romance (2005). Il interprète des standards souvent moins connus comme Lament, de J.J. Johnson, Souvenir, de Benny Carter, récemment repris aussi par Bill Charlap, Voyage, de Kenny Barron, ou Don’t Understand, reprise il y a quelque temps par Karen Shane. Le jeu de Mayer allie swing et délicatesse. Il arrive comme peu à mettre les mélodies en valeur: "Lester Young disait d’en faire moins pour suggérer plus. Quand on est jeune, on se cache souvent derrière des tempos rapides. La musique doit respirer. Les grands vocalistes, les grands souffleurs prennent leur souffle. Je suis parvenu à être plus simple, plus clair." À 67 ans, le pianiste a atteint une maturité exemplaire.
Jon Mayer a appris beaucoup en accompagnant des chanteuses comme Sarah Vaughn, Anita O’Day et Ernestine Anderson: "Au début, j’accompagnais de façon énergique, sportive. Mon cerveau n’arrivait pas à faire de distinction. Lester Young disait qu’il vaut mieux connaître les paroles des chansons. J’ai appris à être plus effacé." À Los Angeles, le pianiste anime avec Ernie Watts un quartette dont Darek Oleszkiewicz est le contrebassiste. Depuis 1984, ce dernier se retrouve sur plus de 80 albums, à titre de leader ou d’accompagnateur. Il a collaboré, sur disque ou sur scène, avec des musiciens comme Charles Lloyd, Joe Lovano, Ravi Coltrane, Pat Metheny. Sur son dernier CD, Like a Dream, il interprète cinq pièces en duo avec Brad Mehldau. Mayer parle des qualités d’Oles: "Précision technique, clarté du son, lyrisme, solide talent d’improvisateur. Le duo est plus intime. Cela pousse dans une nouvelle direction."
Les 25 et 26 avril
Au Largo Resto-Club
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