Éric Goulet : Bois d'oeuvre
Musique

Éric Goulet : Bois d’oeuvre

Éric Goulet dans un hommage aux Beatles, Dany Placard qui remet en selle Plywood 3/4, voilà des spectacles prometteurs, prétexte idéal pour réunir les deux chanteurs autour d’un verre.

En ce radieux Vendredi saint, on avait donné rendez-vous à Dany Placard et Éric Goulet dans un bar montréalais, avec pour prétexte leurs spectacles respectifs, mais surtout parce qu’on croit à la qualité de ces deux artisans et qu’ils contribuent à merveille au renouveau de la chanson québécoise. Lorsque Goulet s’éloigne momentanément des Chiens pour prendre le pseudo de Monsieur Mono, il accouche du douloureusement sublime Pleurer la mer morte dont on n’aura jamais fini de chanter les louanges. Lauriers également pour l’ébéniste de profession Placard qui, en congé de Plywood 3/4, a bricolé les chansons finement charpentées et émouvantes du Rang de l’église.

On n’aurait que faire d’un énième hommage aux Beatles si Les Ringos n’étaient constitués de Goulet, du chanteur pop Jean-François Fortier, d’André Papanicolaou (du groupe André) et du membre des Chiens Marc Chartrain. Pour "jouer les chansons des Beatles à la manière des Rolling Stones ou des Ramones, avec du rock qui torche" (dixit Goulet), Les Ringos ont également invité Vincent Vallières et Antoine Gratton: "J’ai toujours aimé travailler avec du monde, je suis venu très tard à la carrière solo. Je préfère les projets collectifs", confie Goulet devant son eau Perrier. L’oreille attentive, Placard réplique, entre deux gorgées de bière et bouffées de cigarette: "Avec Plywood, on était en pseudo-tournée avec notre album Beauté mécanique, 60 shows. Pendant ce temps, je créais et j’enregistrais Rang de l’église. Au début, dans Plywood, on était tous des menuisiers, d’où le nom. Les membres ont finalement décidé que la musique prenait trop de place dans leur vie, ils ont décidé d’arrêter. Mais l’accordéoniste était encore là, elle me poussait dans le cul pour qu’on continue. Dans six mois, les spectacles de Dany Placard finis, on se remettra à l’écriture du troisième disque de Plywood."

L’hommage aux Beatles a été monté avec, surtout, des chansons inconnues et dans le but, raconte Goulet, "d’amener le party de cuisine sur scène. À force de faire des soupers de musiciens et de sortir les guitares pour faire des tounes des Beatles, à moitié tout croches, parce que tu ne les sais pas à moitié, tu deviens frustré et tu te mets à en apprendre quelques-unes pour vrai. Tu en fais une, deux, trois. T’as du fun, tu les montes pour un show! On l’a fait déjà quelques fois." Autre son de cloche chez Placard qui, dans sa jeunesse saguenéenne, a davantage "buzzé sur le métal, Metallica, Iron Maiden, Megadeth".

Jadis, le métal. Aujourd’hui, Placard pratique admirablement une country-folk qui rabote le coeur. Ce qui unit les deux genres musicaux, c’est la ferveur, la sincérité. Toutes les énergies canalisées au même endroit, parce qu’il y croit. Pas de tricheries, ni postures, ni cynisme. Exactement ce que l’on aime aussi dans le disque de Monsieur Mono ou dans Crève Coeur de Daniel Darc. De l’émotion nue, lancée en pleine figure.

Mais pour savourer pleinement les chansons de Placard et Mono, encore faut-il que la salle soit appropriée. L’âme des Chiens précise: "Je ne m’attendais pas à faire des bars avec Pleurer la mer morte. Le concept de base était de jouer dans des endroits un peu excentriques, moins traditionnels. Il fallait se démarquer de ce que je fais avec Les Chiens, présenter quelque chose de différent."

Placard a le même souci de varier les plaisirs, d’alterner disques solo et aventures plus rock et hétéroclites, avec Plywood: "Maintenant, j’ai vraiment séparé les deux projets. Avant, je n’avais jamais eu l’idée de faire des albums solo, mais ça m’est venu quand j’ai eu des tounes qui ne se prêtaient pas à être interprétées en groupe. Quand je vais me mettre à travailler sur le troisième Plywood, je vais faire juste ça, avec les contraintes d’écriture qu’il implique, le phrasé, l’histoire. Il va y avoir des guitares mais aussi de l’électro."

En attendant le nouveau CD, Plywood se produit deux soirs à Montréal, avec une foule d’invités spéciaux du meilleur bois, parmi lesquels Ève Cournoyer, Philippe B., Carl-Éric Hudon, Navet Confit et… un certain Monsieur Mono. Une famille d’amis qui ont tous une manière artisanale de faire de la musique, hors commerce, hors mode, et dont l’empreinte artistique se fera sentir pendant plusieurs années. Pas vraiment des chansons dans le vent, mais avec beaucoup de souffle et de beauté.

Les Ringos, hommage aux Beatles
Le 22 avril
Au Lion d’Or

Plywood 3/4 et invités
Les 20 et 21 avril
Au Divan Orange

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