Jeff Martin : En exil
Détaché de Tea Party, Jeff Martin poursuit désormais un nouveau dessein, une quête vers de nouveaux jours, tant musicalement que personnellement.
À cheval entre le mystique qu’il incarnait autrefois et sa récente sérénité, Jeff Martin présente Exile and the Kingdom, premier album sous son propre nom. "Ce n’est pas vraiment un projet solo. C’est plutôt comme un nouveau band", introduit l’énigmatique chanteur qui tente de s’affranchir de son ancien entourage. D’ailleurs, inutile d’escamoter la diaspora de Tea Party par politesse, Jeff l’aborde lui-même pour mieux tourner la page. "Je crois que nous avions accompli tout ce que nous pouvions accomplir tous trois ensemble. Je voulais revenir à cette dualité "musique du monde/hard rock". Et Tea Party se rapprochait de plus en plus des trucs américains. Je ne pouvais plus faire ça. Ça ne m’enthousiasmait plus", justifie-t-il avec un détachement rassurant.
Mais si le défunt trio canadien penchait de plus en plus vers la banque, cela ne signifie pas pour autant que le désarrimage de Martin donne un résultat inaccessible aux adeptes de la formation. Loin des récentes parutions du groupe, Exile… propose néanmoins un certain retour aux sources. "Pour les deux derniers albums [de Tea Party], il y avait trop de pression pour que nous devenions plus accessibles. En regardant en arrière, la musique la plus puissante que nous avions produite en tant que groupe était The Edges of Twilight et Transmission, et c’était quand nous étions laissés à nous-mêmes, sans interférence. Je voulais revenir à cet état et il fallait achever le groupe pour y arriver, rajoute-t-il. Involontairement, je me suis retrouvé à faire une musique beaucoup plus pénétrable. Tea Party était très sombre. Exile and the Kingdom est rempli de joie et d’amour. Ça sonne comme un rayon de soleil. Ce sera une surprise agréable pour beaucoup de gens."
Pour ce faire, Jeff Martin s’est entouré de ce qu’il qualifie de "groupe de rêve". Avec Michael Lee (ayant accompagné Page/Plant) à la batterie, Rodney Appleby à la basse, Ritesh Das aux percussions et Nelson Starr aux claviers, Martin entend élargir les horizons de sa musique. Ce remaniement de personnel n’est que la pointe d’une vaste réorganisation de sa vie professionnelle et privée. "J’ai changé beaucoup de choses dans ma vie et je me retrouve dans un endroit beaucoup plus agréable maintenant." Maintenant associé à une nouvelle étiquette et à une nouvelle gérance, Jeff a laissé son mode de vie derrière lui et quitté le pays avec sa famille.
Certes, toute cette histoire tient d’un conte mille fois raconté: celui de la renaissance du voyou, de la purification du loubard, du néo-illuminé. Certains trouvent Jésus; Jeff Martin a trouvé l’Irlande. "Chaque fois que je m’y rendais, je m’y sentais bien. Alors quand j’ai décidé de changer mon mode de vie, c’était l’endroit évident où je devais aller m’installer avec ma famille. C’est là où la magie survient", exprime-t-il paisiblement. Puis, il nous laisse, en guise de conclusion, avec le dicton sur lequel s’appuie sa démarche: "Si tu te trouves sur le chemin de ta destinée, l’univers conspirera à t’aider". Zen ou baliverne?
Le 20 avril à 20h
Au Spectrum
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Jeff Martin
Exile and the Kingdom
Nevada Koch