Karkwa : Le coup d’éclat
Le groupe Karkwa peut souffler. Après le doute et la pression, l’accueil plus qu’enthousiaste réservé à son deuxième essai lui permet maintenant de s’appliquer à jouer sa musique. Ici comme ailleurs.
Paru en novembre 2005, le second disque de la formation Karkwa, Les Tremblements s’immobilisent (Audiogram), aura rapidement conquis critiques et mélomanes. Tant par la richesse de son nouveau matériel, plus concis et raffiné que sur Le pensionnat ses établis (2003), que par le grand doigté de ses instrumentistes et les atmosphères singulières qu’ils parviennent à dégager. "On a été soulagés", rapporte le chanteur et guitariste Louis-Jean Cormier, en plein coeur d’une intensive semaine de répétition en salle visant à fignoler le nouveau spectacle du groupe. "Parce que quand on a fini le disque, on pensait que le monde allait trouver ça un peu trop pop, confie-t-il. On avait comme une quête de simplicité absolue; on voulait vraiment faire de la chanson francophone, mais assez concrète, assez simple. Puis rendus au mixage, on se disait: "Coudonc; c’est quasiment trop simple!…" Mais finalement, non; le monde a embarqué, puis les critiques trouvent qu’on a joué d’audace un peu, alors c’est super cool. Je pense qu’on a trouvé le juste milieu…"
Après la réclusion perfectionniste du studio, Cormier et ses potes Stéphane Bergeron (batterie), François Lafontaine (claviers), Martin Lamontagne (basse) et Julien Sagot (percussions, voix) s’affairent désormais à peaufiner leur concert. "On travaille sur des réarrangements, puis le visuel est plus élaboré aussi", explique-t-il, assurant que les spectateurs n’auront aucune difficulté à reconnaître les pièces. "On ne voulait pas s’en aller trop loin non plus; on fait juste étirer un peu, puis on s’est donné des petits terrains de jeu dans quelques chansons pour improviser et s’amuser un peu, alors ça va donner un spectacle assez musical…"
En plus de jouer ensemble depuis huit ans, les musiciens ont également eu la chance d’accompagner sur scène plusieurs autres artistes tels Vincent Vallières ou Mara Tremblay. "C’est sûr que ça t’apprend à te connaître, puis ça te montre d’autres langages aussi. Quand tu joues avec d’autres gens, tu analyses vraiment l’autre puis tu essaies de communiquer, tu changes ta façon de communiquer; ça se fait instinctivement. C’est comme une espèce de stage ou d’échange culturel; quand tu reviens par après avec ton band, t’as l’impression d’avoir appris une autre langue. Ça élargit les conduits, ça huile la machine!", poursuit-il, heureux de voir se remplir le carnet d’engagements estivaux du groupe, qui en plus de nombreuses prestations au Québec, ira participer à quelques festivals en France et en Belgique. "Ce qui est plaisant sur scène, c’est qu’on peut se voir; il n’y a pas de contraintes comme en studio. Parce que même si on enregistre live, il faut quand même isoler quelques trucs comme la voix, la guitare acoustique ou les percussions, alors c’est tout le temps un peu difficile d’échanger les regards et tout ça. Mais en show, c’est complètement ouvert, alors ça fait vraiment du bien. C’est un peu plus difficile, mais c’est vraiment le fun…"