Michel Rivard : La quête
Musique

Michel Rivard : La quête

Michel Rivard, dans sa quête de sens qui est aussi la nôtre, a ancré au fond de la mémoire collective des dizaines de chansons vibrantes d’humanité. Et ça continue.

Parmi les nouvelles chansons que Michel Rivard étrennera sur la scène de la Salle Maurice-O’Bready, quelques-unes se soustraient à la galerie du personnage du conteur au profit d’un propos plus universel et contemplatif. On y traverse, selon leur propre auteur, quelques paysages tous issus de la mémoire, des routes et des chemins, de terre ou d’asphalte, des bords de mer, qui sont aussi les allégoriques perspectives du coeur.

Déjà entamé entre autres dans La Neige et sur les Chemins de gravel et bien avant, dans l’épiphanique ballade sur le Mont-Royal de La Lune d’automne, ce naturalisme a pour ainsi dire fait du chemin. Et l’orbite de leur auteur, qui a franchi allégrement le cap du demi-siècle sur terre s’éloigne encore un peu plus des sautes d’humeur de la ville noire, de ses amours crépusculaires et des moulin à vent qui ont constitué une large part de son répertoire pour plutôt avancer à petits pas, un peu plus chaque fois, vers le bonheur: "Je parlais d’amour sans trop savoir de quoi je parlais, donc d’échecs amoureux, des malentendus, d’une adolescence prolongée et de ses accidents de parcours. J’ai été le pilier de la rue Prince-Arthur au temps du Retour de Don Quichotte… Je ne cherchais pas seulement comment écrire des chansons mais aussi comment vivre. Au temps de Je voudrais voir la mer, j’aimais pas ma vie, je voulais fuir. Ensuite, y’a eu Le Goût de l’eau dans laquelle je portais sur toutes choses un regard amoureux… Maintenant, après Maudit Bonheur, j’essaie de raconter qu’au-delà de nos petits problèmes, il y a quelque chose d’important et de très grand dont on fait partie…"

LE TRIOMPHE DE LA VOLONTÉ

Outre le fait qu’il n’a plus rien à prouver qu’à lui-même, le type attablé en face de moi a certainement domestiqué quelques démons, ne serait-ce que pour réussir à afficher sa persistance en 35 ans de métier. Ou serait-ce plutôt le contraire?

"Je suis un perpétuel douteur, dit-il. S’il y a une maladie que je dois contrôler, c’est mon complexe de l’imposteur. […] Remarque, ça a du bon, ça me fait me lever tous les matins, réessayer, sortir mes guitares, mettre les mots à la bonne place. Chercher… Je crois que mes plus belles chansons sont devant moi!"

Une persistance qui relève aussi d’une solide discipline, semblable à celle du temps qui polit un galet: "J’aimerais bien faire comme Neil Young, accoucher d’un album en 15 jours. J’en bave de jalousie. Mais j’en suis incapable. Je travaille lentement. Donc, je punche à mon petit studio de la rue Amherst presque chaque jour de neuf et demie à cinq. C’est une rigueur héritée de mon père qui après quelques problèmes personnels, avait évacué le côté bohème de la vie d’artiste. Il m’a appris que pour arriver à la magie, y’a du travail. Ça m’a donné envie d’être magicien. Mais j’essaie d’aborder ça comme un jeu."

Ces temps-ci, alors même qu’il prépare quelques spectacles exceptionnels avec son Flybin Band de perfectionnistes, Rivard joue par ailleurs à la patience et au solitaire. Devrait-il sortir demain son prochain album que pour l’instant, ce serait un travail intégral de soliste: "Voilà deux ans que je m’y consacre. Je joue de tous les instruments. Guitare, basse, mandoline…. J’ai trouvé quelque chose, une sonorité, une approche qui me conviennent parfaitement. Travailler tout seul est très particulier. Ça confère un caractère particulier aux chansons. Je me sens entièrement dedans, avec mes influences, ma vie, ce que j’ai fait, ce que j’ai le plus envie de faire…"

Le 26 avril à 20 h
À la Salle Maurice-O’Bready
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