Ab Baars : Clin d'oeil à Duke
Musique

Ab Baars : Clin d’oeil à Duke

Le saxophoniste et clarinettiste Ab Baars, figure de proue de la musique improvisée hollandaise, débarque chez nous avec son quartette… et Duke Ellington!

Joint à Albuquerque, Nouveau-Mexique, Ab Baars rentre tout juste à son hôtel. Il donne ce soir-là le cinquième concert d’une tournée américaine qui le conduira avec son quartette à la Casa del Popolo le 29 mai. Fort de collaborations au cours des ans avec des pointures comme les saxophonistes Roscoe Mitchell et Steve Lacy ou le tromboniste Roswell Rudd, Baars dirige son propre trio depuis le début des années 90, et il occupe avec lui le devant de la scène hollandaise des musiques improvisées. Pas vraiment le genre de musicien que l’on s’attend à voir jouer des standards de Duke Ellington. Et pourtant…

Le dernier disque de son quartette (son trio, auquel s’ajoute le tromboniste Joost Buis), Kinda Dukish, est précisément un hommage à Ellington, dans lequel, cependant, Baars laisse clairement sa marque, n’utilisant les thèmes du vieux Duke que pour mieux faire ressortir son propre style (d’où le Kinda – "genre de" – des titres: Kinda Caravan, Kinda Perdido, etc.). Une façon de rendre l’improvisation plus accessible? "Oh non, ce n’était pas ça l’idée de départ, explique-t-il. J’écoute la musique de Duke Ellington depuis des années; c’est certainement l’un de mes compositeurs, et musiciens, préférés. J’ai toujours voulu organiser un projet avec sa musique. Ça a pris un bout de temps avant que je puisse vraiment le faire à ma façon, me l’approprier assez pour pouvoir en faire ma musique, mais voilà: le programme que nous jouons ces jours-ci ne présente que des pièces d’Ellington, dont certaines ne sont pas sur le disque."

Le trio de Baars est de ceux auxquels la longue pratique de l’improvisation a fait pousser des antennes, et qui semblent communiquer entre eux par voie télépathique… "Je joue avec Martin Van Duynhoven (batteur), depuis, oh, 30-35 ans… Je l’adore, parce qu’il connaît très bien le jeu traditionnel, mais il peut aussi être très ouvert. Il fait une combinaison parfaite des deux mondes, et il est très mélodique. Quant à Wilbert De Joode (contrebassiste), il est dans le trio depuis 1990… Il est toujours à la recherche de quelque chose, il est très énergique et il a sa superbe.

J’aime beaucoup l’interaction qui est possible entre trois musiciens, mais pour ce projet j’ai demandé à Joost Buis de se joindre à nous. C’est un excellent musicien de la jeune génération d’improvisateurs et c’est aussi un grand connaisseur des musiques d’Ellington." Les arrangements de Baars sont tellement organiques qu’il est bien difficile de déceler où s’arrête la partition et où commence l’improvisation: "Hé bien, merci du compliment! C’est tout à fait ce que je cherche à faire. Il y a en effet des grandes parties qui sont écrites, en restant plus ou moins près de l’original."

Ab Baars compte bien revenir à des projets tout à fait originaux après cette cohabitation avec Ellington et il songe à un grand ensemble de musique japonaise au sein duquel il jouera du sakuhachi! Alors, pour l’entendre au sax, rendez-vous à la Casa!

Le 29 mai
A la Casa del Popolo
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