Lynda Thalie : Pieds nus dans la neige
Lynda Thalie, façonnée par ses origines algériennes et ses 12 ans de vie au Québec, présente De neige ou de sable, le spectacle de son deuxième album éponyme, qui mixe habillement ses deux identités culturelles. Une soirée aux parfums de miel et de sirop d’érable, donc.
De neige ou de sable a d’abord vu le jour dans le cadre de Montréal en lumières en février dernier, puis a été présenté en première au Théâtre Corona. Pour la mise en scène de ce spectacle, Lynda Thalie jouissait alors d’une carte blanche. Une liberté qu’elle avait utilisée pour donner une dimension esthétique à ses chansons. De passage au Moulin Michel avec ses trois musiciens, la jolie chanteuse reprend le concept du show du Corona. Elle l’adapte cependant aux exigences de la salle de Bécancour.
"Il n’y a pas tout le tralala, mais on va essayer de rester fidèles quand même à ça. C’est le même ordre de chansons. On va procéder de la même façon. C’est sûr que pour les ombrages et pour les projections, ce n’est pas tellement évident. Mais les gens vont entrer de plein fouet dans mon univers musical. Ils vont goûter autant au miel qu’au sirop d’érable. Pis, ça va être vraiment un dépaysement et un voyage pour eux, du moins, je l’espère", dit Lynda Thalie de sa voix mâtinée de soleil. Discrète quant à la manière dont s’exprime le métissage de ses deux cultures dans le spectacle, la jeune femme ne cache pas sa joie devant le résultat. "Musicalement parlant, avec mon nouvel album, je pense avoir trouvé un équilibre entre les sons de mon Maghreb natal et la musique populaire bien de chez nous, bien québécoise. 90 % de mon (nouveau) disque est en français. Moi, je me sens en harmonie maintenant, artistiquement parlant, avec ces deux mondes."
C’est le public qui a étonnamment poussé la musicienne à fouiller davantage ses racines. "Où que j’allais, je voyais leurs réactions. Les gens sont avides de ça (musique aux accents arabiques) maintenant parce qu’ils sont ouverts sur le monde, parce qu’ils voient ce qui se passe et que ça leur en prend plus pour être surpris. Je dis souvent qu’on devient tanné, à un moment donné, du steak, blé d’Inde, patates! On veut voir ailleurs. On ne veut plus de nos recettes toutes faites. Les gens vont eux-mêmes chercher leur musique. Et ils m’ont donné des ailes. Ils m’ont encouragée par leurs yeux, par leur façon de danser dans les spectacles, par leurs messages, par leurs courriels…" raconte celle qui avait lancé Sablier en 2002. Son retour en Algérie l’été dernier, après 11 ans, a sûrement aussi réveillé un besoin de recréer un pont avec le passé. "Honnêtement, je me sentais un peu bouleversée d’y retourner, même avant de partir. Je ne savais pas sur quel pied danser. Ça faisait trop longtemps que j’étais au Québec. Je ne savais pas à quoi m’attendre. Je connaissais les gens parce que j’avais grandi avec les Algériens jusqu’à l’âge de 16 ans, mais je ne connaissais pas le public, je ne savais pas comment j’allais être accueillie. Finalement, ça a été trop génial! (…) J’ai pu tester des nouvelles chansons là-bas parce que j’étais en train de finir l’album ici." Au fait, cet exil a-t-il laissé des marques? "Oui… Mais c’est une chance pour moi d’avoir quitté l’Algérie à 16 ans. Je suis devenue femme ici. Quand on est jeune, on a une meilleure capacité d’adaptation, on a moins de bagages et on a moins à abandonner là-bas. Ce n’est pas comme un adulte qui a un beau job et qui doit s’en aller parce que ça va mal. Là, je suis arrivée, je suis entrée à l’école directement, je me suis entourée d’amis, je regardais Normand Brathwaite à la télévision et j’ai appris à parler le québécois comme ça!" conclut-elle avec le sourire.
Le 29 avril à 20h
Au Moulin Michel
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