Seether : Chaise musicale
Les polyvalents Seether jonglent entre rock pesant et ballades sucrées, ce qui les rend parfois un brin difficiles à suivre. Tour guidé avec le bassiste Dale Stewart.
Shaun Morgan
(voix, guitare, textes) et Dale Stewart (basse, voix) sont tous deux originaires d’Afrique du Sud, région davantage connue pour ses troubles de racisme que pour sa scène rock. "Le rock est assez underground là-bas", confirme Stewart de son accent prononcé. "Il n’y a même pas de radio rock! Certaines stations universitaires jouent des trucs plus locaux, mais dans l’ensemble, c’est plutôt du top 40 britannique et américain, ou quelques rares trucs pop d’Afrique du Sud. Pour un groupe rock, c’est une lutte continuelle pour trouver des endroits où jouer, essayer de faire jouer sa chanson à la radio. Les amateurs de rock n’y sont pas nombreux; la plupart écoutent de la pop ou de la musique dansante africaine, qui marche beaucoup…"
Afin de se donner une chance, le groupe alors duo a traversé aux États-Unis et enregistré un premier album, Disclaimer (2002, Wind-Up), qui a obtenu un franc succès grâce notamment au tube Fine Again. Mais c’est l’enregistrement d’une nouvelle version de la pièce Broken avec Amy Lee (chanteuse d’Evanescence et copine de Morgan) pour la trame sonore du film The Punisher qui propulsera au sommet la formation, désormais complétée par le guitariste Pat Callahan et le batteur John Humphrey. "Après Broken, on était censés aller en studio pour enregistrer le deuxième album, mais finalement, ça nous a tenus sur la route pour une année supplémentaire, et plusieurs chansons de Karma and Effect (2005) sont nées de cette tournée. Je crois que nous voulions vraiment écrire un album pour montrer que nous étions encore un groupe rock…"
Histoire de nous confondre davantage, le quatuor, fortement influencé par Nirvana et ses nombreux calques post-grunge, lancera en juillet un CD/DVD double intitulé One Cold Night, immortalisé lors d’un concert acoustique à Philadelphie. "En fait, plusieurs de nos chansons sont écrites à la guitare sèche, alors elles se traduisent plutôt bien en versions acoustiques", expose Stewart, situant ses principales influences dans le rock des 20 dernières années. "J’ai grandi en écoutant Guns N’ Roses, Metallica, Pantera, puis la scène grunge est arrivée avec Alice In Chains, Nirvana et Pearl Jam, puis ensuite des groupes comme Tool, Deftones, Perfect Circle… Il y a beaucoup de bonne musique un peu partout et on essaie de ne pas se confiner à un seul genre. On aime Simon & Garfunkel puis Hatebreed aussi; toutes sortes de choses éclectiques. On essaie de conserver tout ça dans notre musique, car ça garde le tout intéressant, à la fois pour le groupe et, on l’espère, pour le public", ajoute-t-il, estimant que le grunge a traversé avec succès l’épreuve du temps. "Ça me semble être resté, mais c’est peut-être plus underground aujourd’hui que ça l’était avant. Maintenant, il y a beaucoup de emo et de new wave style eighties… On dirait que la musique hard rock se retrouve un peu sur le siège arrière, ce qui n’est pas mauvais à mon avis; c’est même cool. Tout est cyclique, spécialement dans l’industrie de la musique. Qui sait ce qui sera cool dans cinq ans? Ça sera sûrement bien différent de ce qu’on croit…"
Le 11 mai à 20h
Au Théâtre Capitole, avec Rocketface
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