Heavy Trash : Le rock dans tous ses états
Musique

Heavy Trash : Le rock dans tous ses états

Heavy Trash, projet rockabilly de Jon Spencer, passe par chez nous avec The Sadies, en attendant de se retrouver en studio pour l’enregistrement d’un 2e album.

Heavy Trash, c’est le projet rockabilly de Jon Spencer et Matt Verta-Ray, dont le premier chapitre éponyme paraissait en avril 2005 sur Yep Roc Records. "Ça faisait un bon bout de temps qu’on se croisait à New York", rapporte Spencer à propos de sa rencontre avec le Canadien d’origine, connu pour son travail de studio avec Andre Williams, Robert Squine et Rudy Ray-Moore, notamment. "Je jouais dans le Blues Explosion et lui jouait dans Speedball Baby, alors nous avons joué ensemble quelques fois au fil des ans. Puis il y a une couple d’années, on a constaté qu’on avait en commun un amour profond pour le rockabilly, le vieux country-western, le soul et le blues. Alors on a commencé à jouer ensemble et à écrire nos propres chansons… Je trouve ça vraiment excitant, dit-il du rockabilly. C’est à la fois très simple et ordonné, puis c’est en même temps très complexe. Mais c’est surtout un son très sauvage; pour moi, c’est le summum, vraiment le comble du rock’n’roll…"

Reconnu pour son habileté à pulvériser les conventions et à reconstruire les genres à sa guise, Spencer admet ignorer comment il s’y prend. "Je ne sais pas du tout. Mais ce que je peux dire, c’est que quand j’écris une chanson, je ne suis surtout pas en train de réfléchir à "qu’est-ce qu’il serait brillant d’insérer ici?" ou "comment serait-il mieux de modifier ceci?" Quand j’écris, j’opère à un niveau beaucoup plus instinctif et basique; ça se passe vraiment au niveau des tripes. J’aime les vieux trucs, les vieux sons et les vieux styles, mais j’essaie de ne pas m’y confiner non plus; en fait, j’essaie de rester libre, je suppose…"

Cette quête de liberté, elle serait la conséquence d’une période de profonde déception lors de laquelle Spencer s’imaginait que tout avait été fait dans le rock, que le bout du rouleau avait été atteint. "C’est certainement ce que je sentais il y a longtemps, quand j’ai commencé à jouer avec Pussy Galore. J’étais vraiment très frustré à l’époque et je croyais vraiment qu’on l’avait rejoint, le fond du baril… Et cela a grandement influencé ce que Pussy Galore a fait; c’était même un peu l’idée directrice du groupe: que le puits d’idées était à sec et toute la frustration que cela engendrait. Puis personnellement, à un moment donné, j’ai eu une sorte de révélation; j’aimais vraiment écouter du rock’n’roll, Jerry Lee Lewis, Harold Bernstein et plusieurs autres… J’aimais jouer avec ce son; il s’y trouvait quelque chose que je pouvais attraper et conserver; c’était vivant…"

Garder le tout vivant, c’est exactement ce que souhaite faire Heavy Trash au cours de la présente tournée avec les Sadies, en se prévoyant même une légère trêve, histoire de mettre sur ruban les plus récentes créations du groupe: "On essaie d’écrire pas mal de chansons, moi et Matt. Vers le milieu de la tournée, on va entrer en studio avec les Sadies, alors on prépare les morceaux et on organise les dates de studio… Le nouveau disque est en chemin. Je crois qu’il est encore sous la ligne d’horizon quelque part; il faut qu’on le guide vers nous un peu, alors on ajuste le récepteur pour essayer de syntoniser la bonne fréquence…"

Le 11 mai
Au El Salon