Marco Calliari : La croisée des chemins
Musique

Marco Calliari : La croisée des chemins

On peut désormais qualifier Marco Calliari d’ex-Anonymus ou encore de barde italien à temps plein. Entretien avec un homme dont les racines se décroisent.

Depuis trois ans, Marco Calliari jonglait avec une carrière solo et le groupe culte métal qu’il avait fondé il y a 17 ans. La nouvelle pressentie est maintenant annoncée: les sentiers de Calliari et d’Anonymus se séparent officiellement. Le choix était affligeant. "On s’est retrouvés devant un mur. C’était une question de priorités et de temps. J’aurais voulu ne jamais avoir à prendre de décision. Il n’y avait aucune décision qui était la bonne. Mais je sais que celle qui a été prise est la plus saine, autant pour eux que pour moi", exprime-t-il, à la fois confiant et désolé. "C’est un gros mariage qui vient de casser. On commence une nouvelle vie, dans les deux cas. Mais c’est un deuil immense", confie Calliari, qui m’a reçu sur la terrasse ensoleillée de la demeure familiale.

Il faut tout de même comprendre que l’engouement engendré par son premier album entièrement italien, Che la vita, sorti en mai 2004, était tout à fait inattendu. "Je savais en partant que la musique, c’était tout ce que je voulais faire. Alors il y avait Anonymus et, à côté, j’enseignais la musique. Et quand mon projet solo est arrivé, j’ai remplacé l’enseignement par la scène. C’était, à la base, pas plus que ça", justifie Calliari. Né au Québec de parents de souche italienne, Marco contemplait depuis plusieurs années l’idée d’exprimer les sons de la culture qui avait bercé son vécu. "Ça faisait longtemps que je cherchais un moyen de sortir mes origines d’une manière ou d’une autre. Pour moi-même et pour m’y ouvrir plus aussi. Après quelques voyages en Italie, j’ai compris qu’il fallait que je le fasse."

Devant l’ampleur inespérée prise par ce qui devait n’être qu’un projet parallèle, Calliari décida de s’y investir, par pur plaisir. "Il y a vraiment une curiosité chez les gens. Là, je me suis donné la piqûre. Et j’ai l’impression d’apprendre quelque chose aux gens. Je ne m’adresse pas à des amateurs de musique italienne, je suis comme leur premier cours et, de là, ils vont plus loin", explique-t-il, fasciné par le phénomène.

"Il y a aussi la facilité de ce projet-là. Dès le premier show que j’ai fait, j’ai su que ça allait être simple. Les gens embarquent facilement, les médias viennent vers moi. Dans le métal, c’est différent. Ce sont des efforts constants pour tenter de faire ton nom. C’est une musique plus marginale, et il y a une scène marginale, mais le défi, c’était d’être capables de sortir de ce cercle-là. Mais on a travaillé tellement fort pour y arriver", rajoute-t-il en faisant référence au laborieux chemin de son ancien groupe. "Ça fait du bien de relaxer un peu."

Relaxer est un mot bien drôlement choisi dans le cas présent. Constamment en tournée dans les tous les recoins de la Belle Province et même parfois outremer, Marco s’est entouré de Lysandre Champagne à la trompette, du batteur d’Anonymus Carlos Araya, de l’accordéoniste Luzio Altobelli et d’Alexis Dumais à la contrebasse, qui donnent à ses concerts une véritable atmosphère de groupe, comme une deuxième familia pour Calliari. Leur plaisir collectif contagieux a semé partout le succès que l’on attribue au chanteur, qui n’utilise pour l’instant qu’une langue étrangère dans ses textes, ce qui n’est pas sans étonner le principal intéressé.

Depuis, les projets s’empilent. Au menu, Marco nous offrira le 6 juin prochain son premier DVD, intitulé Al dente ("parce que je trouvais que le show était juste à point", expose-t-il), contenant un spectacle enregistré ce printemps au Lion d’Or à Montréal, une panoplie d’extraits de tournée, et même des recettes de sa mère, telles que les cuisine Marco lui-même en bon fils italien, en plus de beaucoup d’autres extras. En entrée, sortiront en mai ses participations à l’album hommage à Serge Fiori, sur lequel il interprétera Dixie en français et en italien ainsi qu’un succès de Fiori-Séguin, avec Bruno Pelletier, Catherine Durand et Mes Aïeux. Le festin se poursuivra avec un deuxième album, à paraître en novembre 2006, composé uniquement de multiples versions de chansons italiennes qui meublent ses spectacles depuis les débuts de l’aventure. S’ajoutera le Rital Fest, festival visant à promouvoir la relève italo-québécoise, auquel Marco Calliari participe depuis deux ans. Et comme dessert, on projette même un troisième album, fait de compositions italiennes et québécoises, pour l’automne 2007. Buon appetito.

Le 11 mai à 20h
À la Salle Jean-Despréz