Millimetrik : Les montagnes russes
Millimetrik propose un troisième recueil électro-ambiant, nourri au classique, au hip-hop et aux maints épisodes d’une année en montagnes russes.
En avril 2005, dans une gare de Bruxelles, Pascal Asselin se faisait voler passeport, argent, ordinateur portable et disque dur externe, ce qui ne lui laissait pour toute possession que quelques vêtements. De quoi bouleverser une tournée! Mais disparaissaient surtout avec son portable plusieurs années de travail voué à son projet électronique, Millimetrik. "Quand je suis revenu ici, je ne savais plus trop si j’avais le courage de recommencer; j’étais vraiment découragé", confie l’artiste originaire de Québec, également batteur de la formation post-rock Below The Sea. "Parce que dans la musique électro, les banques de sons constituent le gros du travail; ça prend du temps ramasser tout ça. Là, j’avais trois ans de banque de sons de mis de côté, la moitié d’un album de complété, puis tout d’un coup, j’avais plus rien…"
L’envie de lancer la serviette a toutefois été rapidement évincée par une tout autre option. "J’ai tout recommencé à zéro, lance-t-il, soulignant avoir retrouvé la foi lorsque est venue une invitation à monter une petite prestation et à performer sur scène. "Et pour ce qui est de l’album, c’était une bonne chose finalement, parce qu’en recommençant à zéro, je me suis donné un concept, une idée que je n’avais pas au départ…" Cette idée? Des échantillons de musique classique. "Travailler avec des échantillons de cordes, violon et violoncelle, c’est facile, agréable, et ça sonne toujours bien; tu peux les ralentir, les étirer, les rapetisser, et c’est toujours beau", dit-il, avouant ne pas être un grand expert du genre. "Je n’écoute pas vraiment de classique; ce n’est pas que je n’aime pas ça, c’est juste que je n’ai jamais encore osé plonger", expose-t-il, ajoutant avoir pu compter sur un client du copiste où il travaille pour lui prêter des disques et satisfaire sa curiosité. Rajoutons à tout ça quelques rythmes hip-hop et l’on obtient l’essence du troisième album de Millimetrik, The Last Polar Bear on Earth (Statik), matricé par Sixtoo. "Ça, c’est sûr que je suis un grand fan de hip-hop depuis le secondaire, et je ne m’en cache pas. Je me disais que ça serait original d’en mélanger les rythmes à du classique; je n’avais pas trop entendu ça ailleurs…"
Autre mandat que s’impose Asselin: tenter de briser l’image froide et inhumaine de la musique électronique. "Moi, je fais même exprès pour faire ça lo-fi et un peu tout croche par bouts, parce que c’est trop facile en musique électronique de tout mettre en boucle sur le métronome. J’aime l’imperfection et je trouve que c’est un gros manque dans l’électronique de nos jours; l’absence de chaleur. J’ose croire que j’en amène un peu…"
On daigne aussi aborder avec lui la question du travail à l’aide de machines et d’échantillons qui, selon certains, ne constituerait pas une création musicale en bonne et due forme. "Oui, certains diraient que parce que je travaille avec des échantillons, ce ne sont pas vraiment mes pièces… Mais je ne suis pas d’accord parce que quand t’achètes un clavier, les sons qui sont dedans, ce n’est pas toi qui les a inventés. Oui, tu contrôles tes mélodies avec, mais je fais la même chose avec mes échantillons; c’est juste amené différemment. C’est sûr que c’est un débat, je suis d’accord, et ça me fait plaisir d’en parler, mais pour moi, c’est ni mieux ni moins bon que n’importe quel autre style. Tant qu’à ça, on peut aussi dire qu’on est tannés du rock’n’roll à trois accords qui sonne tout le temps pareil et pourtant, ça marche très bien; moi-même, j’ai encore envie d’en voir de ces groupes-là. L’important, ce n’est pas les outils ou la démarche; c’est le résultat…"
Enfin, Millimetrik joignait cette année le club des trentenaires, étape qui l’aura marqué un peu plus que prévu. "Je croyais passer à côté de ça, moi, les remises en question puis les "est-ce que je devrais arrêter la musique sérieusement puis me trouver une vraie job?" Mais je suis tombé dans le panneau comme tout le monde, comme tout bon gars de 30 ans, et ça m’a vraiment étonné de moi. Mais je suis un batailleur, je ne veux pas arrêter; je fonce tête baissée dans la musique", ajoute-t-il, estimant être parvenu à pondre son meilleur disque à ce jour. "C’est mon année montagnes russes, 2005; sur disque, je pense que c’est mon projet musical le plus abouti, celui que je porte le plus dans mes tripes. Je suis à l’aise de promovoir ce disque-là parce que je pense qu’il est bon; avant, ça me gênait…"
Lancement, le 11 mai à 20h
Au Laïka
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