Mononc’ Serge : Mononc’ est de retour
Mononc’ Serge, spécimen hors norme, livre son septième album. Toujours la même recette gagnante: deux pincées de folie, un amalgame de courants musicaux et trois tasses de textes trash.
Arrivé avec 10 minutes de retard à notre rendez-vous, Mononc’ Serge s’excuse: "Je suis complètement dans le jus avec le lancement de mon nouveau disque. Je négocie des tarifs pour mes pubs à la télévision et dans les journaux. Je dois décider du nombre d’affiches à imprimer. Je veux aussi rafraîchir mon site Web. Je joue ce soir à Victoriaville. C’est un peu l’enfer."
Des artistes de la relève qui s’autoproduisent, un chroniqueur musique en rencontre tous les jours. Or, rares sont les compositeurs qui poursuivront dans cette veine après six albums lancés, dont L’Académie du massacre vendu à 15 000 exemplaires. Lorsque la tâche devient trop lourde, le musicien délègue, histoire de se concentrer sur son art. Pas Mononc’. "C’est le moyen que j’ai trouvé pour empocher le plus de sous possible par disque vendu."
Sur Serge blanc d’Amérique, septième album, la pièce Fred prend justement position sur cette réalité de l’industrie musicale. Serge y chante – en duo avec Fred Fortin – qu’il ne fera jamais de publicité anti-MP3. "Avec les disquaires, maisons de disques, éditeurs, distributeurs et gérants qui prennent leur part du gâteau sur les revenus générés par la vente d’albums, l’artiste ne perd que quelques sous par téléchargement illégal. Moi, je suis l’artiste, l’éditeur, la maison de disques et le gérant."
Comme il le clame lui-même sur une pièce composée en 2002 (inspirée d’une entrevue à COOL FM), mais endisquée ici pour la première fois, Serge Robert chante peut-être pour des morons, mais visiblement, il est loin d’en être un. Malgré les apparences, il ne consomme pas de méchante drogue et ne se saoule que très rarement la gueule. "En tournée avec les gars d’Anonymus pour L’Académie, l’étiquette de Mononc’ me décrivait parfaitement! Je suis pépère à l’os. Je suis trop occupé à gérer ma carrière."
Reste que sa marque de commerce et principale force réside justement dans ses textes caricaturaux où il n’hésite pas à jouer la carte sexe, drogue et rock’n’roll. Sur Les Bed & breakfasts, notre homme souhaite détruire les jolis gîtes sous prétexte qu’il ne peut y rentrer tard accompagné d’une groupie ou de trois, quatre métalleux ben saouls.
Sur Hitler Robert, Mononc’ annonce que son enfant sera baptisé Hitler, et qu’il foxera l’école pour jouer à des jeux vidéo, fumer en cachette et mettre de la marde dans les boîtes aux lettres. "La provocation m’allume. J’aime les textes à la limite du scandale. Dès que je pense à ces sujets, j’ai envie d’en faire une pièce. C’est plus fort que moi. Il y en a qui tripent à écrire des chansons d’amour, pas moi. Lorsque je monte sur scène, je sens aussi l’obligation sociale de divertir les gens. En ce sens, mes textes cadrent. Par contre, dans la vie de tous les jours, je ne ressens pas cette nécessité."
Même s’il est moins porté sur l’actualité et qu’il renferme Rien, la première chanson réellement "sérieuse" enregistrée par le musicien, Serge blanc d’Amérique mise sur une formule qui a prouvé son efficacité: une facture sonore éclectique (du folk au métal), des compositions aux structures complexes et une plume mordante, intelligente, empreinte de répartie et d’une imagination déconcertante. Bref, du Mononc’ Serge classique.
Mononc’ Serge
Serge blanc d’Amérique
(Indépendant / DEP)
Le 10 mai à 21h30
Au Petit Chicago
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