Richard Desjardins : Halte symphonique
Musique

Richard Desjardins : Halte symphonique

Richard Desjardins, surtout habité par la réalisation de son film sur l’histoire des Algonquins et par la beauté simple de la vie, retrouve le trac de la scène le temps du grand concert Desjardins symphonique avec l’OSTR.

Un vent d’incertitude souffle autour de l’entrevue téléphonique planifiée avec Richard Desjardins, qui doit parcourir les kilomètres d’asphalte qui séparent la région de Portneuf de Sorel. Surprise! Le téléphone s’anime plus tôt que prévu. Au bout du fil, une voix ensoleillée. L’artiste sait qu’il devance un peu le rendez-vous. Mais il a décidé de casser la croûte à Trois-Rivières, à quelques pas du bureau de Voir

Le réalisateur de L’Erreur boréale contraste avec l’ambiance générale du resto, qui beurre épais sur le tape-à-l’oeil, où les voix fortes des clients se perdent dans un étourdissant maelström. Desjardins, seul devant son assiette de pâtes, lit le journal. Son bonjour a la légèreté typique du vendredi après-midi. Puis, la conversation glisse vers la musique qui l’accompagne en ce moment dans sa voiture… Parce qu’à la maison, il s’entoure de silence. "Je n’écoute pas de musique à la maison. C’est quand ma blonde arrive qu’il y a de la musique. J’en écoute en char. Là, je suis en train d’écouter la musique de Morricone, une adaptation au piano, et j’ai repris les enregistrements avec la formation symphonique. C’est sérieux!" déclare celui qui chantera ses pièces en compagnie de l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières, samedi.

Ce retour sur scène est accompagné d’un minuscule trac puisque l’auteur-compositeur-interprète s’est surtout occupé de questions forestières (L’Action boréale) et de son film sur les Algonquins au cours des derniers mois. Des occupations qui l’ont entraîné loin de la composition. "J’ai déjà passé trois ou quatre ans sans toucher au piano dans ma vie. C’est arrivé plusieurs fois, et ça va arriver encore. C’est juste que là, ça se sait plus!" dit-il en éclatant de rire. Il poursuit comme s’il cherchait à rassurer son interlocutrice: "C’est pas quelque chose qui me manque. Quand tu pars en tournée un an, un an et demi, et que tu reviens à la maison, tranquille, il y a des affaires à faire. J’ai un camp, une petite maison…"

DEMANDEZ, VOUS RECEVREZ!

Accompagné par un orchestre symphonique pour la quatrième fois, Richard Desjardins continue de croire qu’une telle expérience est un cadeau. "Si je me rappelle ben… j’étais en entrevue à la radio de Trois-Rivières. J’étais sur l’autoroute 20, pas loin, l’autre bord, et j’avais parlé de ça. On m’avait demandé si j’avais un rêve à réaliser. J’avais dit que j’aimerais ben ça avoir une formation symphonique. Et Gilles Bellemare m’a appelé", soutient l’homme, questionné sur les débuts du projet.

Sur les planches, Richard se présentera dans son plus simple apparat: sa voix. "L’orchestre ne m’accompagnera pas, il va être actif. Dans le sens que je n’aurai pas de piano, pas de guitare. Je serai tout nu, avec un lutrin et des partitions." Une situation déstabilisante? "Oui, au début. Là, ça va mieux. J’ai toujours eu un piano ou une guitare entre moi et le monde. Mais le fait que je ne joue ni de guitare ni de piano permet à Gilles Bellemare de travailler à sa façon en écriture. Il revoit toutes les tounes à sa manière. C’est colossal ce qu’il a fait. (…) C’est beau en christ! Des fois, j’oublie de chanter! (rires) C’est impressionnant, avoir 70 musiciens dans le dos. Quand ça part ce 747-là, tiens bien tes cheveux!" s’exclame celui qui attend le public avec une quinzaine de chansons, dont L’Homme-canon, sa favorite.

Le 6 mai à 20h (avec l’OSTR)
À la Salle J.-A.-Thompson
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