Tiga : Planète pop
Musique

Tiga : Planète pop

Le Montréalais Tiga délaisse un instant ses platines et surprend avec un premier album léger comme des bulles de savon, épris de pop et empreint de nostalgie. Bienvenue sur la planète Sexor!

Depuis l’ascension d’artistes montréalais tels que Fred Everything entre autres, la scène électro montréalaise tend à exporter ses talents à l’étranger. Même s’il songe à déménager ses pénates à Paris dans un avenir rapproché, Tiga Sontag se considère toujours comme un fier Montréalais. "J’aime l’énergie de la ville, même si je passe la moitié de ma vie dans des aéroports!", lance-t-il à l’autre bout du fil.

Trimbalant ses platines depuis l’époque du acid-house, il est propulsé vers les sommets en 2001 avec sa version "électronifiée" du classique de Corey Hart, Sunglasses at Night, alors qu’il vogue momentanément sur la précaire vague de l’électro-clash. Aujourd’hui, il se paie la traite avec un premier album contenant des compositions originales mais aussi une généreuse portion de reprises (Talking Heads, Nine Inch Nails). Il se permet même de transfigurer Louder Than A Bomb de Public Enemy en lui infusant une saveur house prononcée.

Disponible en terre européenne depuis février dernier, Sexor propose une facture électro à la fois actuelle et ancrée dans le passé; un cocktail sexy polarisé par la pop et épicé d’une pincée de trance qui étonne par son accessibilité. "Pour un album axé sur le plancher de danse, il y a une chaleur et une personnalité qu’on ne retrouve pas souvent sur ce genre de galette. J’aurais souhaité qu’il paraisse beaucoup plus tôt, car je déteste provoquer de l’anticipation. Plus un disque prend du temps à sortir, plus on attend l’artiste avec une brique et un fanal! Heureusement, dans mon cas, ça n’a pas été trop douloureux."

Écrire des chansons est une tâche relativement nouvelle pour Tiga qui, enfant, suivait de ville en ville son père D.J. et rêvait un jour de faire tourner les platines. Ce n’est qu’après le succès de Sunglasses… qu’il fit paraître une première composition, Sweet Sedation, un obscur b-side paru en Europe: "Dans mon cas, l’écriture s’est développée naturellement. Je ne me sentais aucunement pressé. Créer de la musique n’était pas ma priorité. J’avais d’autres engagements à remplir et je manquais de temps. Je ne me suis jamais forcé à prendre une pause pour écrire à temps plein. De toute manière, je n’en aurais pas été capable."

Contenant des collaborations avec ses potes belges de l’équipe de Soulwax, le whizz techno d’origine suédoise, Jesper Dahlback, ainsi que Jake Shears (Scissor Sisters), Sexor se donne des allures d’album de famille. "Ma philosophie est différente du mouvement D.I.Y. (do it yourself) des années 90. Tout faire moi-même, ça ne marche pas. L’aspect de ce métier que je préfère est de pouvoir travailler avec des amis. Constamment, on se lance des défis, on se taquine et ensemble, on regarde grandir notre bébé! Comment la vie pourrait-elle être meilleure? Il suffit de s’entourer de gens en qui on a confiance", avance le volubile artiste de 32 ans.

Malgré cette confiance qui règne, le processus créatif de Tiga reste toujours aussi nébuleux. "Depuis mes débuts, je n’ai jamais donné de direction à ma carrière", rigole-t-il. Pour Sexor, à l’origine, je désirais produire un album à la D.A.F. Un son industriel, punky et brut avec des voix trafiquées, puis j’ai ensuite voulu un disque presque comme du INXS! Éventuellement, des noms comme New Order et Depeche Mode sont apparus. Il faut préciser que la majorité de la musique que j’affectionne provient des années 80", poursuit l’ex D.J. du défunt Sona.

Il est vrai que depuis qu’il a délaissé le techno sur American Gigolo, Tiga semble cultiver un amour pour les sonorités (et le visuel) associées aux eighties. Après tout, il nous avait habitués à des pochettes où il apparaissait sous des traits efféminés ou androgynes. Celle de Sexor délaisse l’ambigüité sexuelle et se veut un pastiche d’un vieil album de Bryan Ferry. Nostalgique? "Pas vraiment. Dans le fond, on reste tous attachés à notre passé musical, à notre enfance. Ce que j’aime surtout de cette période est la production. J’imagine que, finalement, c’est cette approche du son que je désirais pour Sexor, même si je ne pensais jamais que le produit final serait aussi pop." Nous non plus, d’ailleurs!

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