D. Kimm et Alexis O’Hara : Fabuleuses filles folles
Mankind, c’est deux artistes multidisciplinaires, D. Kimm et Alexis O’Hara, qui ont un jour décidé de se réunir pour faire autre chose.
Deux têtes valent mieux qu’une, dit le proverbe. Rien n’est plus vrai. Surtout dans le domaine de la création. Qu’arrive la thèse de doctorat ayant pour sujet les bénéfices de la collaboration amicale sur le processus créatif. En termes plus rigoureux, le "transfert de travail".
Pour appuyer cette thèse, voici le cas #115467. Sujets: D. Kimm et Alexis O’Hara, deux auteures / "performeuses" / pitonneuses / comédiennes / improvisatrices / tripeuses bilingues se connaissant depuis longtemps et ayant déjà collaboré ponctuellement à des projets de spoken word. D. Kimm, qui organise des spectacles de poésie exclusivement féminins, voulait faire de même dans la musique noise et pitons et avait envie de désacraliser la poésie "performée": "Avec Alexis, le texte n’a pas plus de place que la musique. Nos voix sont des instruments comme les autres. Et on joue avec le texte, qui prend ainsi un autre sens. Ça nous donne beaucoup de liberté!"
Quant à Alexis O’Hara, elle en avait marre du côté trop sérieux des gars du monde de l’électronique: "Ils ont tellement peu d’humour! Penchés sur leurs pitons, les coudes en l’air, l’air de dire: "Aïe, je travaille fort! J’appuie sur mon bouton avec toute mon énergie!" Je trouve ça ridicule!" Ainsi naissait, par nécessité, le projet Mankind. Afin de donner un nouvel espace à la poésie chantée, et de nouvelles dimensions aux constructions sonores en direct et à la musique électronique.
De cette incroyable chimie entre les deux femmes résulte un amalgame sonore fort éclectique, et un univers, un vocabulaire que les deux comparses ont patiemment inventé au fil de leurs improvisations et répétitions. Imaginez deux personnes devant des boîtes à pitons toutes réunies par un système de fils aussi complexe qu’ingénieux; ajoutez une basse, des percussions, un accordéon et toutes sortes de "cossins" qui font du bruit glanés ici et là, et saupoudrez de textes qui se veulent tantôt provocants, tantôt émouvants, chuchotés, hurlés ou traficotés électroniquement. Pensez à la musique d’un film projeté dans votre tête, car provoquée par des sons judicieusement superposés, mais jouée sur scène et entrecoupée par des entrevues, de l’improvisation, un peu de théâtre, etc. Vous pigez? Bref, c’est quelque chose qu’on n’entend et ne voit pas souvent. Appelons ça de la musique actuelle, tiens, puisque les programmateurs du prestigieux festival de Victoriaville ont accepté de présenter le premier spectacle de Mankind, (livré en compagnie de l’excellent guitariste Bernard Falaise). "C’est vrai qu’on est inclassables, rigole D. Kimm, et ce fut longtemps un problème pour moi. Avec le temps, j’ai appris à cultiver mon éclectisme et à en faire une force."
Le 19 mai à 17 h
Au Cégep de Victoriaville