Mogwai : Brume écossaise
Mogwai figure comme l’un des groupes pionniers du mouvement post-rock, même si ses membres répugnent à endosser ce titre. Après plus de 10 ans, le groupe maintient la ferme volonté de se renouveler.
Des atmosphères brumeuses illuminées de percées mélodiques poignantes, des ruptures de ton entre tourbillon cacophonique et moment de paix et d’accalmie, des murs de guitares pesantes et "distortionnées"[CR1][pep2], des envolées de piano délicates, des sonorités électroniques et, parfois, des voix éthérées… Voilà en partie de quoi se compose l’univers que Mogwai façonne depuis une dizaine d’années, une aventure qui a démarré alors que ses membres émergeaient tout juste de l’adolescence.
Les années ont passé, les membres ont vieilli, mais ils ont su conserver une part d’insouciance et la notion de plaisir semble toujours aussi importante. Leur oeuvre est certes intense et introspective, mais ils ne se prennent pas au sérieux pour autant et cultivent même le culte de la dérision. Ne cherchons pas, par exemple, de sens profond aux titres de leurs chansons ou de leurs albums, ils n’en revêtent tout simplement pas.
Pour la tournée récemment entamée et qui s’arrêtera sous peu chez nous, la bande écossaise se concentre essentiellement sur les titres de Mr. Beast, leur cinquième album paru au mois de mars dernier. "Même si nous n’avons jamais voulu nous imposer de but précis, quand nous avons débuté l’étape de composition, nous souhaitions tout de même cette fois-ci faire un album qui serait davantage conforme à l’intensité déployée sur scène", affirme le guitariste et chanteur Stuart Braithwaite rejoint par téléphone dans une chambre d’hôtel de Denver où le groupe se produisait le soir même. Selon lui, les chansons de ce Mr. Beast, comparées à celles produites par le passé, possèdent une dimension plus lourde et plus directe ainsi qu’une énergie plus brute, telle We’re No Here, la pièce que le musicien prend le plus de plaisir à interpréter sur scène avec ses acolytes: "Cette pièce suit un lent et puissant crescendo dans lequel on se laisse complètement aller… comme si nous étions en transe."
Les cinq musiciens revisiteront aussi quelques pièces tirées des précédentes parutions: "Ces anciennes pièces ont beaucoup évolué au cours des années. Nous ne souhaitons pas devenir ce genre de groupe qui roule sur ses succès et sur ses vieilles valeurs sûres juste pour faire plaisir aux fans."
Conserver son style tout en ne tombant pas dans la redite, le défi est de taille, mais jusqu’à ce jour, chaque album livré a réussi à se dissocier des précédents: "Cela s’est toujours fait de manière naturelle, mais en même temps, on sait très bien que pour continuer à faire de la musique le plus longtemps possible (car c’est là la seule chose que nous savons faire!), nous ne devons pas stagner et toujours essayer d’emprunter de nouvelles directions. Pour Mr. Beat, les mélodies sont mises de l’avant et nous nous sommes éloignés de notre modèle qui était devenu un peu trop prévisible, soit l’alternance entre des phases bruyantes et des phases de tranquillité au sein d’un même morceau. Et puis trop de groupes nous ont plagiés et ont repris cette recette, nous avions donc besoin d’aller plus loin."