SunnO))) : Soleil noir
Musique

SunnO))) : Soleil noir

SunnO))) est de retour avec Black One, un sixième disque encore plus dépressif, si une telle chose est possible, que White1 et White2. Plongée au coeur d’un sombre univers expérimental.

Avant de poursuivre, clarifions un fait. SunnO))) ne se prononce pas comme il s’écrit. Il faut dire "Sunn". Pourquoi le duo composé des guitaristes Greg Anderson (Goatsnake) et Stephen O’Malley (Khanate) a-t-il choisi ce nom? Après tout, la musique de SunnO))) est tout sauf ensoleillée: "On l’a choisi pour trois raisons. C’est tout d’abord une référence au soleil, puis un hommage à Earth, qui nous a beaucoup influencés à nos débuts. Enfin, SunnO))), c’est aussi la marque des amplificateurs qu’on utilise", énumère Greg. On pourrait ajouter une quatrième raison: quand Earth s’est reformé en 2005, il s’est naturellement joint à la famille Southern Lord, le respecté label fondé par Greg et Stephen: " J’ai énormément de respect pour Earth. Quand il s’est reformé, il ne s’est pas contenté de poursuivre sur sa lancée, il a pris une nouvelle direction musicale. C’est quelque chose qu’on tente de faire avec SunnO)))", assure le guitariste.

Mission accomplie sur Black One: "Le concept à la base de cet album était de fusionner notre admiration pour le black metal avec notre style atmosphérique et ambiant. Le black metal étant une musique très sombre et dépressive, c’est ce qui explique la noirceur de Black One", estime le guitariste. Il tient cependant à mettre en garde les amateurs de black: "Ce n’est parce qu’on rend hommage à ce style que les fans vont apprécier l’album. Les amateurs de black ont une idée très précise de ce qu’est le black. Alors, il se peut qu’ils n’aiment pas du tout Black One, qui n’est pas un album facile à digérer. Cela dit, jusqu’à maintenant, les réactions sont surprenantes. Les gens qui apprécient l’album proviennent de tous les milieux. Ils semblent à la recherche de quelque chose de différent et d’éclectique", explique Greg.

Le guitariste croit d’ailleurs que c’est ce qui explique l’invitation du FIMAV (Festival International de Musique Actuelle de Victoriaville): "On participe plus souvent à de tels événements. Ça veut dire que ce qu’on fait rejoint différents publics et c’est ce qu’on souhaite", dit le guitariste, qui tente autant que possible d’éviter de tomber dans le piège de la classification. "On a qualifié SunnO))) de groupe doom sludge drone ambiant. Je préfère dire qu’on expérimente avec les sons et les atmosphères. C’est en tout cas ce qu’on fait sur disque et en concert."

Et en ce qui concerne la fabrication d’ambiances particulières, SunnO))) s’en est donné à coeur joie lors de l’enregistrement de Black One avec ses invités Oren Ambarchi, Wrest (Leviathan/Lurker of Chalice/ Twilight) Malefic (Xasthur, Twilight) et John Weise (Bastard Noise). Pour obtenir l’effet vocal désiré sur la chanson Bathory Erzebet, Greg et Stephen ont donné un micro à Malefic, puis ils l’ont enfermé dans un cercueil installé dans un corbillard. "Le résultat est saisissant. Malefic n’a pas vraiment aimé l’expérience", s’exclame Greg.

Pour leur prestation au FIMAV, SunnO))) sera accompagné par le bassiste Mark Deutrom (The Melvins) et le guitariste australien Oren Ambarchi. "Les gens croient que c’est plus facile de jouer de la musique minimaliste et lente, mais c’est faux. Ça demande beaucoup de concentration", conclut Greg.

Le 20 mai
Avec Haino Keiji
Au FIMAV

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FIMAV: MENU VARIÉ!

Du trio vocal a cappella des Charming Hostess, en ouverture, au tour du chapeau de Mike Patton (Mr. Bungle, Fantômas), avec trois duos très différents, le 23e FIMAV réserve une place spéciale à la voix, mais garde aussi de l’espace pour le rock (Étage 34, de France), le noise (Borbetomagus, des États-Unis, avec les Japonais de Hijokaidan; Fe-Mail, de Norvège) et, bien sûr, un brin de jazz (Fieldwork de NY; Huntsville de Norvège, le quatuor de la pianiste japonaise Satoko Fujii), tout ça traversé par l’improvisation (le trio du Montréalais Antoine Berthiaume, avec Quentin Sirjacq et Norman Teale; les États-Uniens de Mandarin Movie). En tout, 26 concerts qui forment apparemment l’une des programmations les plus variées depuis longtemps. Ça vaut le détour. Du 18 au 22 mai, www.fimav.qc.ca. (R. Beaucage)