Dee : Dee doo dah
Musique

Dee : Dee doo dah

Le Montréalais Dee, amant de pop ensoleillée, joue dans les plates-bandes de Bran Van avec un premier disque éponyme édulcoré, accessible et chargé de grooves galvanisants. Discussion avec l’ex-Urbanauts.

Il y a cinq ans, un obscur petit groupe montréalais commençait à se démarquer de la masse avec une audacieuse concoction de techno lascif, d’élans rock déjantés et de hip-hop débridé. Véritable labo sonore, l’octuor The Urbanauts fut même nominé en 2001 au Gala Mimi’s. Les médias s’emballent et on parle alors du next big thing from Montreal. Hélas, suite à de fâcheux problèmes contractuels, le talentueux collectif se voit forcé de se séparer quelques mois plus tard.

Loin de se laisser abattre, son leader Martin Granger, alias Dee, se retrousse les manches et lance un premier maxi en 2003. À l’heure où la tendance est à la naïveté, la galette séduit instantanément. Remarquées par nos cousins américains, ses bombes pop se retrouvent catapultées dans une multitude de séries telles que Roswell et Tru Calling, puis l’univers de la pub est charmé à son tour. "C’est délicat parce que tu deviens automatiquement associé à un produit et je ne voulais pas que ça m’arrive. Je n’ai jamais vendu mes droits", raconte le productif Granger, installé dans une petite chambre de sa compagnie de disques, pendant que son fidèle cabot dort à ses côtés.

Plus tard, on entendra cinq de ses compositions dans le film Horloge Biologique de Ricardo Trogi et lorsqu’il présente son projet de disque à Claude Larivée, le grand manitou de l’étiquette La Tribu, il doit trier parmi plus de 70 titres: "L’album se veut presque une compilation de greatest hits! Ça faisait une éternité que j’accumulais des chansons. On a décidé de rassembler les pièces semblables afin de produire un ensemble cohérent. À un certain moment, je n’avais aucune direction précise et je m’éparpillais dans une multitude de styles. La prochaine fois, je ferai davantage confiance à mon instinct."

D.J. à ses heures au Café Campus et fan fini de LCD Soundsystem et de Led Zeppelin, Dee se considère d’abord et avant tout comme un avide consommateur de musique: "Oui, j’affectionne les petites mélodies accrocheuses mais mon problème, c’est que j’aime tous les styles musicaux et que j’achète tout! Cependant, je dois me trouver dans un mood spécial pour écouter des trucs comme Radiohead mais du beat, donnez-m’en!", raconte le verbo-moteur, un sourire dans la voix.

Et du beat, l’album de Dee en contient amplement. Impeccablement réalisé, il propose des effluves tantôt disco, rock ou plus funk dans un enrobage pop anglo-saxon, des textes superficiels pour certains, tout sauf prétentieux pour d’autres et un format de chansons taillé sur mesure pour les radios commerciales. "Pourtant, elles me trouvent trop weird et alternatif! Je ne comprends pas. Mais il y a aussi des préjugés. Au Québec, si tu parles français et que tu chantes en anglais, on te raye pratiquement de la liste, même si le potentiel est là", déplore le multi-instrumentiste de 29 ans.

S’il souhaite aujourd’hui faire entendre ses chansons à l’échelle internationale, l’hyperactif Dee conserve des souvenirs impérissables de son expérience au sein des Urbanauts. Et pas question de sombrer pas dans la mélancolie lorsqu’il évoque son ancien groupe. "À l’époque, on n’arrêtait pas de faire des shows. C’était le fun mais mal organisé. Et puis, jouer après deux bands punks, ça ne m’intéresse plus! Aujourd’hui, je veux faire preuve d’une plus grande ouverture en spectacle. J’ai envie d’improviser, de me lâcher "lousse" comme un band rock ‘n roll et d’y aller de jams de dix minutes si ça me tente!" La bête est lâchée et les dégâts pourraient être considérables.

Le 31 mai
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