Lulu Hughes : Crazy Lulu
Musique

Lulu Hughes : Crazy Lulu

Lulu Hughes trace sa voie dans un univers souvent très masculin et demeure fidèle à ses rêves. Elle propose un album qui lui ressemble, une musique aux accents funk, soul et hip-hop, mais fortement enracinée dans le rock.

Pour Lulu Hughes, la vingtaine aura été une période de doute, de turbulence, d’hésitation. Plusieurs expériences sont toutefois venues lui donner confiance. Au début des années 90, Kathleen Dyson (qui a chanté avec Andy Gibb et, par la suite, avec Prince) la présente à Trevor Payne. C’est l’époque de Glory Train pour le Montreal Jubilation Gospel Choir: "Jeune, je voulais chanter du gospel. J’ai fait partie du choeur pendant cinq ans comme soliste. C’est là que j’ai appris à faire des vocalises. J’ai surtout appris à laisser mon ego de côté, à m’ouvrir, à juste chanter; j’ai appris à m’oublier."

De 1999 à 2001, la chanteuse fait partie de la nouvelle édition de Starmania et se glisse dans la peau de Marie-Jeanne: "C’est là que j’ai appris à m’accepter telle que j’étais. L’image de la rockeuse a éclaté. Je suis allée chercher le vrai côté de moi. La chanson qui me ressemblait le plus, c’était La Complainte de la serveuse automate. Marie-Jeanne a un côté observateur, elle est spirituelle. Ça m’a pris ça. Depuis, la trentaine est magnifique."

En 2002, elle réalise, en étroite collaboration avec Éric Létourneau (Coléoptère, Funkafones), un album éponyme aux couleurs musicales multiples: rock, soul, funk, hip-hop, métal. On se rappellera La Chanson des Mythos et Rock With Me aux accents swing des années 30: "Je ne voulais pas me confiner à un style. Cet album reflète le bonheur. J’étais libre et heureuse. J’étais dans un état de pure grâce. Je sais ce que je veux. Quand j’entre en studio, la vision est la mienne, pas celle d’un producteur." Avec Crazy Mama, la chanteuse apparaît en pleine lumière et arrive là où les gens ne l’attendent pas toujours: "Les gens pensent que je suis une chanteuse de blues, mais mes racines sont beaucoup plus dans le rock." Crazy Mama est plus musclé que le disque précédent, un peu plus rock’n’roll. Mama’s Recipe est un amalgame de toutes les influences sur l’album: des Rolling Stones à Led Zeppelin, de Piaf à Madonna! À l’image de Helter Skelter des Beatles (interprétée sur le premier disque), plusieurs chansons de Hughes évoquent les pics et les creux de l’aventure amoureuse: "Accroche-toi bébé est un texte rock. Ça va fesser. Mais, dans tout ça, on va rester cool." Le disque est le produit d’un travail d’équipe. Nous retrouvons le noyau de musiciens qui l’accompagne le plus souvent sur scène (Éric Létourneau, Dan Georgesco, Mike Plant, Pat Lavergne, Dan Hughes, François D’Amours, Christian Morissette, Élisabeth Blouin-Brathwaite, Caroline Simard), auquel se joignent des complices aux cuivres et à la voix.

On ne peut passer sous silence l’engagement de Lulu Hughes dans des causes sociales, sa "fidélité à l’être humain". Sur le disque Opération Pamplemousse (en partenariat avec Médecins du monde), ce n’est pas par hasard qu’elle interprète Jef, de Jacques Brel. Sa participation récente au film de Dan Bigras La Rage de l’ange traduit aussi sa préoccupation pour les jeunes qui vivent dans la rue. Au mois d’août, elle fera l’ascension du Kilimandjaro, en Tanzanie, pour venir en aide à la Fondation du refuge pour femmes Chez Doris, dont la mission est d’"aider à contrer l’errance urbaine", par "solidarité face à l’itinérance": "C’est un problème encore caché dans un monde d’hommes. J’ai beaucoup d’admiration pour ces femmes qui ont le courage de quitter. Plusieurs d’entre elles sont de plus en plus conscientes de l’existence du Refuge."

Lulu Hughes
Crazy Mama

Le 31 mai
Au Spectrum
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