Malade Mantra : Dérapage contrôlé
Musique

Malade Mantra : Dérapage contrôlé

Malade Mantra, gagnant du Festival international de la chanson de Granby en 2004, poursuit un projet ambitieux: apprivoiser la folie. Rencontre avec des musiciens qui n’ont pas peur de voyager au coeur de la maladie…

Avec leur musique entraînante métissée de jazz, de reggae et de pop, les trois gars de Malade Mantra, soit Bruno Rouyère (chant et guitare), André Désilets (voix, saxophone et guitare) et Mathieu Massicotte (batterie), tentent de définir et d’apprivoiser une folie qui leur est propre. "La folie est une étiquette apposée par les autres sur ce qui brise leurs conventions. Nous sommes donc tous le fou d’un autre à plus ou moins grand degré", expliquent-ils. Il s’agit pour eux d’un dérapage contrôlé qui, jumelé aux textes plutôt sombres de Bruno, permet une sorte d’exorcisme. "Il y a beaucoup de choses qui clochent dans le monde, des choses difficiles à aborder." Selon eux, il est possible de parler de cette déprime sans pour autant être déprimant. Plutôt que de se complaire dans l’ennui, il faut chercher une solution. La musique joyeuse et légère aide justement l’auditeur à la trouver. "Il ne sert à rien d’assommer les gens dès le début, il faut les rendre réceptifs." D’où le nom "mantra", qui réfère à une prière censée conjurer la folie du monde.

Les membres du groupe ont beaucoup voyagé. S’il n’en tenait qu’à eux, faire un voyage à l’étranger deviendrait obligatoire pour tout le monde, afin que chacun se redécouvre et apprenne à mettre les choses en perspective. Lorsque le sujet est abordé, les langues se délient et le flot de paroles s’intensifie. "Souvent, il faut perdre quelque chose pour se rendre compte qu’on l’avait", dit Bruno. Ils ont ainsi appris à relativiser et à prendre du recul face aux choses. Leur ville favorite? New York et son ambiance authentique, qui les a réconciliés avec l’Amérique tout entière. "Là-bas, les grands jazzmans qui jouent dans les petits bars ne se déguisent pas en musiciens, ils le sont vraiment." Ils n’hésitent pas à tracer un parallèle avec la musique: en voyage, tout comme dans le monde musical, il faut se débrouiller dans un milieu inconnu. Et, dans les deux cas, il faut des reins solides pour survivre.

Sur son premier album, Quatre millions de tounes, le groupe a dû sacrifier deux chansons qui ne collaient pas au reste de l’ensemble. Pour ne pas effrayer l’auditeur, disent-ils. "Quand tu rencontres quelqu’un pour la première fois, tu mets de beaux habits pour faire bonne impression. Ensuite, tu peux mettre un t-shirt et montrer un autre côté de ta personnalité." Les gars jurent que le choix n’a pas été déchirant, puisque les deux chansons en question se sont exclues d’elles-mêmes du disque de par leur caractère trop éclaté. Ils lancent en riant que leur prochain album aura la prétention de créer un style de musique totalement différent de ce qui se fait de nos jours. Lorsqu’on leur fait remarquer qu’il s’agit là d’un projet plutôt ambitieux, la réponse est claire: "Justement, elle est là, la folie. Tant que tu as le contrôle sur toi, tu peux proposer aux gens quelque chose de complètement cinglé. Le fou du village peut avoir autant raison que n’importe qui."

Le 1er juin
Avec Cello
Au Lion d’Or