Wolfmother : Trois loups et un docteur
Musique

Wolfmother : Trois loups et un docteur

Wolfmother sort de son antre. Après cinq ans de furieux rock en vase clos, le trio australien prend les scènes d’assaut et sème l’hystérie aux quatre coins de la planète.

On se croirait au début des années 70, en présence d’un foudroyant trio qui réunirait Ozzy, Mitch Mitchell et John Entwistle, engendrant une vigoureuse créature sonore gavée de Sabbath, Zeppelin, MC5, Deep Purple et autres Blue Cheer. Mais c’est plutôt à Sydney, au tournant du millénaire, qu’est née Wolfmother. Pendant près de cinq ans, la bestiole à trois têtes restera terrée dans son local de répétition à peaufiner son arsenal. "C’était une sorte de rituel que nous avions de jouer de la musique chaque fin de semaine, pour le plaisir", relate le batteur Myles Heskett, au lendemain d’un autre concert à guichets fermés, à Chicago cette fois. Mais l’envie de se faire entendre a pris le dessus. "On s’est dit: si on ne le fait pas maintenant, on ne le fera jamais. Il fallait se sortir ça du système et arrêter de se demander ce que ça aurait pu donner…"

D’abord instrumentaux, les rugissements de Wolfmother prendront une tout autre dimension lorsque le guitariste Andrew Stockdale se découvrira des cordes vocales. "Il essayait toutes sortes de trucs avec sa voix. Nous avons tous essayé, en fait; c’était étrange, rigole Heskett. Mais je crois qu’Andrew a réalisé ce qu’il pouvait faire lorsqu’il a tenté de chanter au-dessus de toute cette distorsion, ces fortes guitares et la batterie. Il a compris que s’il y allait avec un haut registre, il était en mesure de percer à travers les instruments…" Voilà l’ultime ingrédient qui manquait au groupe pour parachever son son. Destination Los Angeles.

Après un mois de pré-production dans le local où Pink Floyd a élaboré The Wall, les trois potes entrent en studio avec David Sardy (The Dandy Warhols, Marilyn Manson, Jet, System of a Down). "C’était génial de l’avoir comme observateur extérieur, rapporte Heskett. Lorsque tu joues, tu te concentres sur ta partition et c’est difficile d’avoir une vision d’ensemble, de savoir quand passer à autre chose ou quand continuer sur une piste. Lui voyait chaque pièce comme un tout et il nous a beaucoup aidés, au niveau des arrangements, à monter quelque chose de solide. Car il y a moyen de se perdre facilement en studio…"

Si Andrew préconise la Gibson SG et Chris Ross, une basse Rickenbacker, Heskett maltraite pour sa part un vieux Gretsch des seventies afin d’obtenir ces sonorités rock sauvages. Sur scène, du moins. "Pour l’album, c’est marrant, parce que Dave connaît ce type qu’il appelle le drum doctor; il a cet entrepôt incroyable plein de vieilles batteries, il avait donc apporté en studio toutes sortes de kits fabuleux, et on montait un ensemble hybride différent pratiquement pour chaque pièce. Sur plusieurs morceaux, on avait cette immense grosse caisse de 28 pouces, une antiquité russe des années 30 en parfaite condition… On a changé de caisse claire pour presque toutes les pièces, et on changeait aussi l’arrangement de cymbales à chaque fois. C’était merveilleux de voir ce drum doctor à l’oeuvre. Moi, je m’asseyais et je le regardais aller; c’était génial!"

Le 30 mai
Au National
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