Cali : Entre tragédie et loufoquerie
Le flamboyant Cali, excellente bête de scène, présente Menteur, second opus qui fait quelques flammèches, mais qui devrait surtout prendre feu aux prochaines FrancoFolies. Avant-goût.
Cali, c’est d’abord une plume, cruelle, arrogante, désespérément drôle, et qui larmoie cyniquement. Des surprises, des tournures littéraires qui tuent. La jubilation de l’auditeur, permanente à l’écoute du premier album, L’Amour parfait, sorti en 2003, et qui connut un gros succès en France. Le Français y chante: "Ça y est, c’est le grand jour / Tu t’en vas / Bon débarras". Il raconte, dans C’est quand le bonheur?, l’histoire d’un pauvre type, toujours en attente de la Belle – qui s’en fiche éperdument: "Je suis pendu sous vos fenêtres / Au pied de l’arbre peut-être demain". Plane l’ombre du suicide. Avec Cali, on se balance sans cesse entre tragédie et loufoquerie: "Je suis tendu c’est aujourd’hui / Que je viens vous offrir ma vie / Peut-être oserais-je parler / À quelqu’un d’autre qu’à mes pieds?"
Le succès de L’Amour parfait a amené Cali au Québec à deux reprises. D’abord aux FrancoFolies, où l’on a pu s’apercevoir qu’en plus d’être un maître chanteur, l’homme est terriblement attachant, fébrile, et que sur scène, il défonce tout, avec une punk attitude rare chez quelqu’un qui se fait accompagner par un piano, un violon et une guitare acoustique. Cali, stage diving, avait pris un bain de foule, qui reprenait ses refrains par coeur, une vraie fête – le sentiment de vivre un moment unique. Quelques mois plus tard, il revenait à Montréal dans l’intimité du Cabaret et en formation très réduite: "On avait fait une grosse tournée avec toute l’équipe, j’ai eu envie d’un truc moins imposant, pour changer. C’était la première fois, au Canada, qu’on faisait ce spectacle avec cette formule-là. D’ailleurs, ça nous a donné des idées, on va reprendre cette formule à l’automne dans une petite salle parisienne", raconte Cali au bout du fil, quelques heures seulement après avoir rempli le Zénith (5000 places) de Paris, deux soirs de suite.
"Ce qui se passe sur scène, j’essaie de m’y attendre un petit peu, mais c’est carrément incroyable. Hier soir et avant-hier, au Zénith, c’était énorme, ça hurlait dans tous les sens, les gens connaissaient les paroles par coeur. Quand j’écris mes chansons, je ne mesure pas l’effet qu’elles produiront en spectacle, c’est une agréable surprise." Cali, plus jeune, jouait dans un groupe punk et n’a jamais abandonné ses premières amours: "J’écoute toujours du punk et sur scène, même si ce sont des chansons, il y a des arrangements qui tournent au punk. Ce qui m’attire dans le punk, c’est la fraîcheur, la spontanéité, tout peut s’arrêter très rapidement, il faut aller très vite. On peut être punk avec des mots aussi, il n’y a pas que le son."
Lorsqu’on réécoute L’Amour parfait, on est frappé par la qualité de toutes les chansons, chacune étant explosive, très forte. Aucun temps mort. Cali cogne sans répit, dans la douleur et dans le rire. On peut s’imaginer qu’elles ont été écrites sur une longue période, des années pour arriver à pareilles petites bombes. Que non! C’est mal connaître le punk converti en chanteur radiophonique, qui carbure à l’urgence: "En ce moment, j’écris beaucoup et j’essaie de ne pas trop traîner, de les enregistrer rapidement. Les chansons de Menteur, je les ai écrites pendant la tournée de L’Amour parfait." Quand on connaît l’ampleur de cette tournée, la fougue, l’énergie qu’il dépensait chaque soir, on s’étonne qu’il ait trouvé la force de créer encore: "J’ai écrit la chanson Je ne vivrai pas sans toi entre Montréal et Sherbrooke. Il neigeait."
Les 9 et 10 juin à 20 h 30
Avec Mara Tremblay
Au Club Soda
Cali
Menteur
(EMI)