Nitrosonique : Le diable dans les journaux
Nitrosonique n’a rien d’un groupe de matantes. Pourtant, en attendant la prochaine saison de Star Académie, la formation rock fait les choux gras de certaines revues à potins.
Formé en 2002, Nitrosonique est l’un des seuls groupes rock montréalais à pouvoir se targuer d’être au même moment sur le palmarès francophone de CISM (avec sa pièce Le Diable à la radio), sur la page couverture de l’intellectuel quotidien Métro et dans les pages de la très pertinente revue 7 Jours. Pourtant, le quintette gagnant de Cégep Rock en 2003 ne jouit pas d’un succès populaire, critère principal pour se retrouver dans les magazines à potins. En fait, seuls le réseau des radios indépendantes et CHOI font tourner ses compositions.
Si Métro et 7 Jours daignent accorder de l’importance à la formation locale, c’est qu’ils s’intéressent davantage au batteur de Nitrosonique, l’acteur Marc-André Grondin aperçu dans le film C.R.A.Z.Y., qu’aux trois brûlots explosifs réunis sur le nouveau maxi du groupe, le premier profitant d’une distribution à travers le Québec via LOCAL.
En abordant le sujet avec les musiciens dans leur local de pratique – un mini-rectangle sans fenêtre où s’entassent les amplis Fender, Ampeg, Traynor, Marshall et Chucktronic -, on sent que cette attention médiatique soulève les passions. "C’est sûr que ça nous aide côté promo, mais tu vois vite que ces journalistes ne connaissent pas grand-chose au rock de Nitrosonique, observe le bassiste Benoit Soucy. Tant qu’ils ont leur photo de Marc-André, ils se foutent bien de se tromper en écrivant que Rémi Letendre est notre claviériste alors que Rémi est notre chanteur-guitariste."
"Au sein du groupe, c’est moi que la situation fait le plus chier, lance justement Grondin. Je me fais coller l’étiquette de "crazy drummer". Sur sa une, le Métro titrait: "Marc-André Grondin aux FrancoFolies"… What the fuck? J’ai le rôle le plus effacé du groupe. Je joue caché derrière ma batterie avec une casquette enfoncée jusqu’aux oreilles. Je ne suis pas le leader."
Reste que cette couverture médiatique génère sa part d’avantages. Au lancement du maxi de Nitrosonique en avril dernier, la foule se divisait en deux classes distinctes: les habitués du circuit rock montréalais et les autres, groupe majoritairement féminin rarement aperçu dans les dédales rock locaux. La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que ces derniers (et dernières) se rendront peut-être au concert dans le but unique de rencontrer Grondin, mais au final, ils mettront les pieds pour la première fois au Café Chaos, au Divan Orange ou au Club Lambi pour y recevoir une énergique leçon de rock.
La journée de notre rencontre, Nitrosonique planchait sur la pré-production de son premier album complet. "Si l’on s’est fait comparer au Nombre à nos débuts, je crois que nos nouvelles compositions s’éloignent de leur tendance "dans ta face"", commente Rémi Letendre. À ce sujet, les références rock bluesy du guitariste Richard Boisvert et du claviériste Guillaume Turcotte les aideront dans leur quête identitaire. "Nous ne voulons pas être rapides et nerveux comme une Honda Civic, explique Grondin, mais lourds et puissants comme un muscle car."
Le 9 juin à 20 h
À la Zone Molson Dry
Concert gratuit