Normand Forget : Chaise musicale
Normand Forget et ses collègues du quintette à vents Pentaèdre soufflent la musique de l’opéra surréaliste de John Metcalf et Larry Tremblay, A Chair in Love. Étonnant.
C’est à la suite d’une longue réflexion sur la relation entre le public et les musiciens que le directeur artistique de l’ensemble Pentaèdre, le hautboïste Normand Forget, a commencé à entraîner l’ensemble dans des aventures qui n’ont rien du simple "concert de quintette à vents". "Ça a commencé par une collaboration avec la troupe Omnibus, il y a cinq ans à Orford, explique-t-il. Je me suis vraiment rendu compte qu’il n’y a rien, dans la formation du musicien, qui le prépare à établir une relation avec le public durant le concert, alors que c’est le moment le plus important entre tous et que sa façon d’agir sur scène a un effet direct sur la perception du public." Forget a aussi pu explorer cet aspect du travail du musicien à travers différents projets du Nouvel Ensemble Moderne, dont il a été un des cofondateurs. En tant qu’arrangeur, il a aussi un souci particulier pour l’interprétation de la musique, ce qui amènera d’ailleurs Pentaèdre à présenter à Lanaudière cet été un arrangement de l’opéra de Mozart Cosi fan tutte en version… muette!
L’histoire de A Chair in Love commence lorsque l’auteur Larry Tremblay envoie, comme une bouteille à la mer, au Playwright’s Workshop de Montréal, le livret d’un opéra en anglais, qui raconte les tumultueuses relations d’un triangle amoureux formé d’un cinéaste renommé, d’une chaise et d’un chien jaloux… Ce dernier, pour calmer ses angoisses, doit recourir à son dogteur. Le livret a échoué entre les mains du metteur en scène Keith Turnbull, spécialiste de l’opéra contemporain. "J’ai connu Keith Turnbull à Banff, alors que l’on travaillait sur Wozzeck avec le NEM, explique Forget, et il m’a parlé de ce livret. Il avait déjà collaboré avec le compositeur gallo-canadien John Metcalf, vers qui nous nous sommes tournés pour la musique."
L’opéra est écrit pour quintette à vents et quatre voix (Pierre-Étienne Bergeron, le cinéaste; Charlotte Ellett, la chaise; Michael D. Jones, le chien; Fides Krucker, le "dogteur"), et la mise en scène utilise les membres du quintette avec une grande originalité. L’histoire vous semble invraisemblable? Forget conclut: "Le pire, c’est lorsque la chaise demande au chien: "Tue-moi", et que tu te mets à pleurer… Tu te dis que tu t’es fait prendre!"
Du 8 au 18 juin
Au Théâtre Espace Go
Voir calendrier Opéra