BazBaz : Besoin d’amour
Le Parisien Bazbaz délaisse les arrangements superflus sur son nouvel album, cocktail doucement mélancolique, suave et élégant. Rencontre avec un rebelle sentimental.
Arpentant les corridors de la chanson française depuis près d’une vingtaine d’années, Camille Bazbaz n’a plus envie de jouer à l’alcolo fini. Aboutissement d’une maturité nouvellement acquise, Sur le bout de la langue, sa troisième réalisation, exhibe de jolies mélodies simplifiées et poursuit son exploration de métissages musicaux. "Je me fiche pas mal des classifications. Parfois, j’écris un texte triste sur une musique joyeuse ou le contraire, mais du moment que ça me touche et que ça me fait sentir bien, j’adopte. L’essentiel est de préserver une certaine simplicité, mais il faut souvent se compliquer la vie pour arriver à produire une chanson simple!", raconte l’ex-leader du Cri de la mouche, maintenant âgé de 39 ans.
Multipliant les collaborations depuis la séparation du groupe au début des années 90, Bazbaz se lie d’amitié avec Brigitte Fontaine puis, en 1997, une rencontre déterminante avec le cinéaste Pierre Salvadori l’amène à composer les trames sonores de ses trois derniers films (Comme elle respire, Les marchands de sable et Après vous) et à croiser le chemin de la comédienne Sandrine Kiberlain: "Elle avait envie de chanter. Du coup, elle m’a écrit deux textes pour mon album, je lui ai écrit deux musiques pour le sien et on a fini par faire un duo. J’aime beaucoup son style et puis bosser avec cette fille, c’est pas désagréable. Si j’ai à nouveau besoin de textes, je l’appellerai!"
Puisant autant dans les racines de la pop que dans celles du vieux blues pourri et bien crado, du ragtime et de la soul, c’est encore une fois le reggae qui continue à le brancher même s’il déplore l’état actuel de cette musique. "Avant, on retrouvait une sorte d’ironie, une fenêtre ouverte avec un peu de soleil et de l’humour; c’est devenu une musique nihiliste et suicidaire. Moi, j’ai besoin qu’il y ait de l’amour! De la joie, des larmes, mais une sincérité et de la tendresse dans tout ça."
Si Miossec considère que l’amour est un sujet inabordable en chanson, Bazbaz prouve le contraire en enrobant sa voix nonchalante et rocailleuse de textes à la fois tendres et sensuels qui traitent essentiellement d’une seule et même chose: les filles, de la rencontre à la rupture: "Oui, je suis un grand amoureux, mais bon, un peu comme tout le monde. Même si c’est difficile, l’amour est ma seule raison de vivre. J’imagine qu’on communique ce qui nous manque en tant qu’être humain et que ces chansons dénotent un manque d’amour certain."
Frère spirituel de Tom Waits, il se métamorphose ainsi en un élégant crooner, se permettant même de reprendre un tube de Mort Shuman, Papa Tango Charly, et d’imiter le riff de All Day and all of The Night des Kinks sur Fatale. "C’est un clin d’oeil parfaitement inconscient. On était parti sur un truc de ska et puis on est arrivé là-dessus. Je ne sais même pas comment on a fait ça, mais c’est marrant de constater que je suis un sampleur humain!", rigole le musicien autodidacte.
Fonctionnant par pure émotion tout en évitant la soupe, cet amateur des thèmes de la série James Bond continue de croire à l’aspect divinatoire et cinématographique de la musique. "Les sons que j’ai dans la tête viennent d’abord d’une image. La moitié du plaisir consiste à trouver la chanson en dedans de soi parce que c’est un délire, une aventure mystique. L’autre moitié, c’est d’aller la jouer devant un public qui la fredonnera à son tour… Et puis, ça me fait faire un peu de sport!" Prochain entraînement public dans quelques jours!
Le 12 juin à 18 h
Aire Ford Focus
Le 13 juin à 23 h
Avec Damien Robitaille
Au Spectrum