Les Têtes Raides : Toujours vivants
Les Têtes Raides sont de retour avec Fragile, leur neuvième album au rock éclectique et expérimental, qu’ils viennent enfin présenter sur nos rives. De la grande visite rare.
Les Têtes Raides sont difficiles à joindre, très occupés. In extremis, on a Grégoire Simon au bout du fil. Il joue du sax, de la flûte, de l’accordéon et chante occasionnellement, pour laisser souffler leur chanteur et parolier officiel, Christian Olivier. Le public montréalais les espérait depuis longtemps: "La dernière fois qu’on a joué à Montréal, c’était en 1994, je crois, sur le podium des FrancoFolies, en plein air. Depuis, on a été réinvités, mais il y avait toujours des conflits d’horaire, c’était compliqué. Mais je peux te dire qu’on est vraiment contents de revenir."
Longue route pour les Têtes depuis leur premier album en 1989, Not dead but bien raides, au rock tendu, jusqu’aux plus calmes et plus harmonieux Les Oiseaux (1992) et Le Bout du toit (1996). En 1998, Chamboultou paraît, point d’orgue de leur période chanson néoréaliste, avec de l’accordéon, du violoncelle et un soupçon de fanfare. Une influence énorme chez les jeunes groupes hexagonaux (La Tordue, Les Ogres de Barback) et même québécois (Polémil Bazar, qui fera leur première partie). Une parenté que Grégoire, modeste, refuse d’assumer: "Ce n’est pas des trucs auxquels on s’arrête. On n’a pas le sentiment de paternité de quoi que ce soit ou de qui que ce soit. On est auteurs-compositeurs de notre musique, c’est déjà pas mal", dit-il en riant. Avant de se raviser: "Par contre, si on donne à d’autres gens l’envie de faire de la musique, c’est carrément le but de l’affaire, non?"
Les Têtes, quoi qu’ils en disent, ont connu plusieurs virages musicaux, du rock des débuts à la chanson acoustique ensuite, et depuis 2000, un retour à une musique électrifiée, rageuse, qui laisse moins d’espace pour les mélodies: "On n’a jamais vraiment quitté le rock, en fait. Le rock, c’est l’attitude, l’éternelle jeunesse, l’enfance, une certaine naïveté, et aussi une intranquillité. Pour nous, c’est important de se bouger, à tous niveaux, d’essayer des choses. Parfois, quand on prend une guitare acoustique, le rock’n’roll est là, même s’il est musicalement moins évident", analyse Grégoire entre deux cuillerées à son fils, qu’il fait manger pendant l’entrevue, ceci expliquant peut-être le côté dissipé des questions-réponses…
Quoi qu’il en soit, en ce qui a trait à Fragile, le plus récent disque des Têtes Raides, la réalisation a été confiée à Denis Barthe de Noir Désir: "Il avait envie de travailler avec nous. On s’était déjà rencontrés sur des histoires associatives et artistiques. Comme il était entre parenthèses de Noir Désir, il avait du temps et de l’énergie à fournir pour le projet."
Sur Fragile, les Têtes reprennent un texte de Boris Vian, Je voudrais pas crever, souvent récité par Serge Reggiani ou Bernard Lavilliers. Cette fois-ci, Christian le chante comme un formidable et entraînant hymne à profiter du temps présent, dans la fougue et la beauté, dans le rock.
Le 11 juin à 21 h
Avec Polémil Bazar
Au Métropolis
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