Mario Peluso : Folk attitude
Mario Peluso compose de belles mélodies folk et trouve chez le poète François Vigneault un auteur à sa hauteur. Ensemble, ils accouchent d’un grand disque plein de chaleur boisée.
L’objet s’appelle Minuit -5 et constitue le point d’orgue du travail de Mario Peluso. Cohérence avant tout. Un seul parolier, François Vigneault (le fils de Gilles), qui a déblayé son écriture de tout superflu, pour aller à l’essentiel: "C’était des commandes. Je lui donnais les thèmes des chansons, les sujets. Surtout vers la fin, pour terminer le projet. Chanson pour mon père, ce sont des mots que je lui ai suggérés. Nous étions en symbiose. Au départ, avant de commencer l’album, François m’avait envoyé 25 textes, mais il y en avait juste un ou deux qui m’intéressaient. Je trouvais que les autres étaient trop poétiques. Je lui ai dit qu’il fallait faire des chansons plutôt que des poèmes", raconte le chanteur originaire du Témiscamingue au bout du fil.
François Vigneault est arrivé au bon moment. Mario était en panne d’inspiration. Faute de subvention, il venait de jeter à la poubelle un disque presque achevé. La déprime le guettait. François l’a incité à se remettre à la tâche: "Dans ces chansons, l’écriture tend, selon moi, vers l’universel. Les thèmes de François sont la région, les grands espaces, la mer. On a travaillé par ordinateur, par e-mails. En l’équivalent d’une semaine, nous avons écrit tout l’album. Super rapidement et sans souffrance." Ça s’entend. Les mots et les notes coulent sans heurt.
Sur ce disque, la simplicité prime, le dénuement volontaire. Une guitare en bois, un violoncelle, un piano. Et une voix, celle de Peluso, juste et touchante. Forcément, ce n’est pas toujours joyeux. A-t-on déjà entendu un chanteur folk gai comme un printemps? Ça ne conviendrait pas: "D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu un genre de spleen. J’ai toujours été un grand nostalgique devant l’Éternel. Des relents du passé. C’est le moteur de ma création, me replonger dans des souvenirs. Le country, c’est une sorte de blues. Mais en même temps, je ne suis pas un gars qui passe son temps à pleurer sur son sort!" relativise-t-il.
Peluso a lancé sa première galette en 1998. Il mesure le chemin parcouru: "Avec le recul, je réalise que mes premiers albums étaient peut-être plus arrangés que je l’aurais voulu. Ceux faits avec Marc Pérusse." On rêve tout haut: pourquoi pas un disque juste guitare-voix? "C’est dans les plans!" Sur Minuit -5, il voulait marier ses penchants folk-country avec le classique, ici représenté par le discret et joli violoncelle de Jacob Auclair-Fortier.
Une autre voix qui nous est chère s’entend par petites touches sur le nouveau Peluso. Ici et là, en filigrane, Catherine Durand vient chanter avec son ami dans la très belle La Neige nue: "Depuis le début de nos carrières, on s’est toujours côtoyés dans les spectacles, les lancements. Elle aime beaucoup ce que je fais, et son dernier album est un crisse de bon disque!" Celui de Peluso est du même bois, solide, folk jusqu’à l’âme.
Le 13 juin
Au Gambrinus
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Mario Peluso
Minuit -5
(Novita)