Pierre Lapointe : Le rouge et le bleu
Pierre Lapointe convie ses amis chanteurs pour deux spectacles uniques, d’abord autour de la chanson (Voit bleu) et un second plus rock (Voit rouge). Éloge de l’éphémère, son carburant.
Pierre Lapointe, avec La Forêt des mal-aimés (80 000 exemplaires vendus à ce jour), s’installe comme le petit prince de la chanson pop québécoise. Les traits tirés, le jeune homme enchaîne les entrevues, impatient d’en finir. Il s’avoue trop fatigué pour monter un nouveau spectacle, alors il présentera encore quelques mois son plus récent.
Il revient de Paris où les spectateurs lui ont réservé un bon accueil en attendant la sortie du disque à l’automne. Contrairement à Dumas, qui a modifié Le Cours des jours pour la France, Lapointe compte lancer telle quelle sa Forêt, mais en changeant la pochette: "On avait envie d’essayer autre chose. Mon fantasme premier était d’explorer plusieurs aspects visuels différents. J’ai profité de l’occasion de la sortie française pour travailler avec un autre photographe. Ce n’est pas que je n’aimais pas la pochette québécoise, au contraire, c’est juste qu’ici je pouvais me permettre, puisque les gens me connaissent, d’avoir une image plus jouée. Alors qu’en Europe, je suis inconnu, on y va donc avec quelque chose de plus franc, de plus près de moi."
On aurait pu s’attendre, vu le succès de son premier album et des trois spectacles différents qui ont suivi, à ce que Pierre Lapointe cède à la mode et sorte un DVD. Non. L’artiste est d’abord un chanteur théâtral, il apprécie les arts vivants: "J’aime beaucoup l’idée d’éphémère. Ce sont des spectacles qui ont eu lieu une fois et c’est mort ensuite. C’est ce qui est intéressant. Comme pour les spectacles aux Francos: on s’est fait offrir une supplémentaire de Rouge, parce que les billets se sont vendus vite. J’ai dit non. Ç’aurait pu être bon monétairement et pour les spectateurs, mais en même temps, je me disais que c’était merveilleux que ce soit fait une seule fois. La scène, c’est éphémère et ça ne me tente pas de tout archiver."
Aux Francos, Lapointe donne deux spectacles à guichets fermés. La soirée rock (rouge) réunit Ghislain Poirier, Louis-Jean Cormier (Karkwa) et Julien Mineau de Malajube. Celle autour de la chanson rassemble son ami Albin de la Simone, Dany Placard et Damien Robitaille, ainsi que deux invités non mentionnés dans la programmation, au grand désarroi de Pierre: son guitariste Philippe B et Josiane Hébert. Gageons que la commotion sera forte pour les fans de Lapointe qui découvriront ces artistes au talent immense, mais à l’exposition médiatique moindre. Le concept est simple: tous ensemble sur la scène en même temps, ils interviendront au gré de leur inspiration. On piochera dans le répertoire de Pierre, de ses invités et il y aura peut-être quelques reprises: "On revisite mes chansons, elles vont être réarrangées. J’en ai donné deux à Ghislain Poirier en lui disant d’en faire ce qu’il voulait. Dans le but de provoquer des rencontres, aussi éclectiques soient-elles. Quelque chose qui va me stimuler, m’emmener quelque part où je ne suis jamais allé."
Le 14 juin (Bleu)
Avec Albin de la Simone, Dany Placard et Damien Robitaille
Au Spectrum
Le 15 juin (Rouge)
Avec Ghislain Poirier, Julien Mineau et Louis-Jean Cormier
Au Métropolis