Arthur H : La vie rêvée
Lorsque Arthur H affiche son amour du Québec et de Montréal, il ne s’agit pas, comme souvent chez ses pairs, d’une flatterie opportuniste. Les cafés du Mile-End, le pouls de la ville, il connaît…
Ses nombreux allers-retours, puis la captation en sol québécois d’un demi-disque live ont finalement culminé il y a quelques mois par l’assouvissement d’un désir secret: "C’était un fantasme de vivre à Montréal, et comme tout le monde, je voulais assouvir mon fantasme un jour. La France est un endroit très bordélique et très tendu. J’ai réalisé que la musique s’épanouirait dans un lieu plus aéré. Montréal a une énergie nord-américaine, mais en plus cool. J’y ai passé quatre mois à travailler sur mon album, à me balader entre les petits cafés tranquilles du Mile-End et le Laïka", dit Arthur depuis Paris avec cette élocution gutturale et terriblement lente.
Femmes, mythes, sorcelleries et sorts de notre société tribale contemporaine: dans le flou de ses histoires à rêver debout, quelques thématiques se dégagent au fil de chaque album. Le dernier, Adieu tristesse, pur et sobre, semble engager un doux combat contre les déprimes de l’immobilisme.
"Ça parle de mouvement entre des états. Il y a dans ces chansons des énergies de voyage et de métamorphose. J’aime la mélancolie, j’aime la joie. J’aime la transition entre les deux. J’aime la mélancolie joyeuse."
Parmi les nouveautés, quelques duos remarquables: Feist et aussi papa Higelin, point d’orgue d’une relation intense: "Je me suis aperçu que c’était plus efficace de dire des choses à quelqu’un qu’on aime par la poésie. C’était un moment assez perturbant. On avait du mal à finir les chansons. On s’est enfin dit ce qu’on avait à se dire."
Outre quelques commentaires précis sur le trio de musiciens-compositeurs, dont Nicolas Repac, qui se joindra à lui pour ces concerts qu’il annonce plus rock, le propos du jeune quadragénaire va peu à peu glisser dans un nulle part iconoclaste et pince-sans-rire semblable à ses chansons. Ainsi, à propos de son répertoire de scène changeant, il dit: "Y a des titres qui ne vibrent plus de la même manière, alors je les dépose tendrement sur le bord de ma route."
À une question sur l’absence de compromis qu’exige son art très personnel, il murmure bien sérieusement: "Je ne veux plus jouer de la clarinette pour l’anniversaire de Bernadette Chirac."
Et lorsque je m’étonne, perplexe, qu’il ait, lui, cette rugueuse fréquentation politique: "Mais non! C’est plus drôle de répondre à la blague. La vie est un jeu. On choisit si on veut que ce soit un jeu dramatique, un jeu léger, un jeu lumineux. Avec les gens que j’aime vraiment, je communique spontanément sur un mode très fantaisiste et très absurde… tout simplement parce que c’est joyeux!"
Enfin, une dernière pirouette. N’eût été de la musique, qu’aurait fait Arthur H de sa vie? "Hummm?… Arroseur de haricots magiques!"
Le 17 juin
Avec Ariane Moffat et Lhasa De Sela
Au Spectrum à 19 h
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