Indochine : Des fleurs pour Indochine
Musique

Indochine : Des fleurs pour Indochine

Indochine a survécu à 25 ans de mutations musicales. L’icône des années 80 revient au Québec pour une (très probable) dernière fois. Entretien outre-Atlantique avec le leader Nicola Sirkis.

D’abord, il y a eu les hits Troisième Sexe, Canary Bay, Tes yeux noirs, Les Tsars, Des fleurs pour Salinger, etc., qui leur ont permis de conquérir la planète pop francophone, au milieu des années 80. S’ensuivit une période plus difficile, marquée par le départ de Dominik Nicolas, principal compositeur du groupe, en 1994, une baisse des ventes, un vent de mépris porté par quelques nouveaux groupes français – dont les Rita Mitsouko – et des journalistes, qui traitaient Indochine de "sinistre ringardise échappée des années 1980", et enfin la mort, en 1999, à la suite d’une foudroyante hépatite, de Stéphane Sirkis, frère jumeau du désormais seul membre original d’Indochine, Nicola Sirkis. "Après la mort de Stéphane, j’ai erré pendant un mois et demi en me demandant si ça en valait la peine. Et j’ai décidé de continuer, pour lui", confie celui qui se défend bien d’être atteint du syndrome de Peter Pan, tout en assumant totalement son côté éternel ado.

Peter Pan, peut-être pas, mais phénix, ça oui. Août 1999, Indochine "refait surface" avec Dancetaria, un album très noir mélangeant pop, glam et gothique. En mars 2002, Indochine sort Paradize, et Nicola s’entoure de nombreux collaborateurs comme Mickaël Furnon de Mickey 3D, Jean-Louis Murat et Gareth Jones à la production (Depêche Mode, Erasure, etc.). Grâce au tube J’ai demandé à la lune, le groupe revient hanter les premières places des palmarès et conquiert une troisième génération de fans… "Ce qui me réjouit, explique Nicola, c’est qu’avec ce succès – on a quand même vendu deux millions d’albums cette année-là! -, l’injustice autour du groupe a été réparée."

Survient alors la naissance de la fille de Nicola, Théa, qui le bouleverse. Le plus récent album (double) Alice & June, sorti en décembre dernier, est justement inspiré des contes de fées qu’il lui lit chaque soir. "Depuis que je suis père de cette jeune fille, tout a changé: je suis plus angoissé, j’ai peur de l’avenir, peur du monde. Alice & June est né de cette angoisse: comment puis-je expliquer à ma fille que les contes de fées n’existent pas?" Croisement entre Lewis Carroll (Alice) et Anaïs Nin (June), conte inspiré autant par Tim Burton que par les Teletubbies, Alice & June raconte l’histoire de deux jeunes filles apparemment normales "qui n’écoutent pas la même musique que tout le monde". Sirkis ne s’en cache pas: il a une fois de plus voulu évoquer une adolescence "qui n’arrive pas à se faire entendre". Un album sur le double, le négatif, avec des thèmes chers à Sirkis (la sexualité, la religion, la violence, la découverte de l’amour) et une bonne dizaine de riffs assassins…

LES ADIEUX À MONTRÉAL?

"Je ne pense pas qu’on fêtera les 30 ans d’Indochine. Ce ne serait pas raisonnable. Ce dernier album résume un peu tout ce que j’ai écrit pour Indochine depuis 25 ans… Je ne me vois pas refaire un CD parlant de tout ça." Ainsi, il faudra s’y faire: ces deux spectacles dans le cadre des Francofolies risquent d’être les derniers que donnera le groupe en nos terres, même si Sirkis conserve un excellent souvenir de son passage chez nous en 2002 – malgré le fait qu’il ait trouvé impoli qu’on vende de la bière sur la piste de danse pendant le spectacle! "Pour un DVD, on a tourné des images à Montréal et, en les visionnant, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de jeunes et jolies jeunes filles chez vous! Je me souviens d’une fille qui a une cravate et qui chante Les Tsars, et aussi de ce couple qui faisait l’amour tout habillé sur l’une des chansons. Ça m’a touché et ça m’a donné envie de revenir une dernière fois. Et dites à vos lecteurs que ce spectacle est le plus intense qu’on ait jamais donné. Ils auront deux heures quinze de musique, sans aucun temps mort!"

Les 16 et 17 juin à 21 h
Au Métropolis
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