Jérémie Kisling : Full sentimental
Le Suisse Jérémie Kisling enchante rêveurs et amateurs de pop acoustique légère avec le joli Le Ours, son plus récent album. Bon moment pour découvrir ce chanteur sentimental.
Francis Hébert
Photo : Stéphane Gallois
Les chansons de Jérémie Kisling font penser à ces bulles de savon soufflées par les enfants. Légères, frêles, elles émerveillent. On les suit attentivement, de peur qu’elles n’éclatent – fragilité, trouble éphémère. Puis on s’aperçoit qu’elles sont solides, rondement faites. Elles peuvent s’envoler, trouveront leur chemin seules comme des grandes. Car ce trentenaire de Kisling a le talent pour durer longtemps, s’émanciper jusqu’à remplacer Souchon, avec qui il a certaines ressemblances: une plume inventive, des mélodies pop et un regard mélancolique sur les choses.
"Je ne fais pas ce métier pour vendre des disques, mais pour communiquer avec les gens. J’adore la scène. Mais si le public continue à télécharger les chansons et copier les CD, à long terme, les maisons de disques n’auront plus d’argent pour continuer à en produire de nouveaux", déplore le jeune nostalgique des années 60, semblant oublier que le Net est aussi un excellent outil de diffusion pour les petits vendeurs.
De nos jours, l’acheteur a besoin d’un bonus pour être incité à acheter un CD. La musique ne suffit plus. Par exemple, une touche artisanale dans la fabrication de la pochette ne peut pas nuire, ce qu’admet Kisling qui présente avec Le Ours, en plus de formidables chansons, un chouette livret illustré: "Pour ce CD, j’ai beaucoup travaillé le visuel. J’avais fait le dessin de couverture, et un copain graphiste m’a aidé. Et comme les textes font pas mal référence à l’enfance, j’ai pensé que l’idée des dessins collait bien. J’ai suivi de près ce que me soumettait le graphiste. J’étais très fier de ce disque, mais j’avais aussi envie d’aimer son aspect esthétique."
Il y a chez Kisling un désir d’artisanat, un charme volontairement vieillot, comme le prouve le titre de son premier opus, Monsieur Obsolète, paru en 2003: "En France et en Suisse, "obsolète" est très peu utilisé, mais en général les gens savent que ça veut dire "un peu vieux, démodé, hors d’usage"." Un disque qu’il a d’abord sorti en autoproduction: "Je n’ai pas démarché les maisons de disques, j’ai avancé tout seul. Les gens attendent toujours que les choses se passent, ils ne bougent pas assez. À mon avis, c’est une erreur. Tu dois faire les trucs pour toi, pour te prouver que tu es capable de les faire. J’ai sorti mon disque, et le reste s’est fait tout seul, je n’ai pas eu besoin d’aller vers eux."
L’album Le Ours est comme un pot de miel dans lequel on ne peut s’empêcher de plonger l’oreille, avec des chansons juste assez sucrées, suffisamment mélodieuses pour les mémoriser, avec ce qu’il faut d’enfance sans tomber dans le passéisme: "L’ours est un animal qui me correspond bien. Il a un côté maladroit, un peu pataud, un peu sauvage et imprévisible, mais au fond c’est une boule de poils que t’as envie de serrer dans tes bras."
Le 17 juin à 20h30
En doublé avec Sandrine Kiberlain
Au Club Soda
Le 16 juin à 18h
Au Monde Pop Desjardins
Concert gratuit
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