Luck Mervil : L’humaniste
Luck Mervil est un homme parfait. Point. Il est beau, a un corps d’athlète; il sait jouer, chanter et danser; il connaît une superbe carrière, mais prend aussi deux mois par année pour faire du bénévolat…
Luck Mervil est aussi très généreux: l’entrevue devait durer une demi-heure, on s’est finalement quittés 140 minutes plus tard! Impossible de "revenir à ses moutons" avec lui (il est quand même l’une des vedettes des présentes FrancoFolies). Lecteur de L’État du monde, du Courrier international et du Monde diplomatique, passionné d’histoire et de politique, il est intarissable lorsqu’il explique la fin prochaine de l’empire états-unien ou lorsqu’il émet des doutes sur les réels commanditaires des attentats du 11 septembre ("Après avoir capoté comme il faut – Luck devait déjeuner au sommet d’une des tours ce jour-là, dans le cadre de l’événement Une saison du Québec à New York, mais il a finalement décidé de retarder son vol de 24 heures -, je me suis dit que les auteurs de ces attentats seraient ceux à qui ils profiteraient le plus…").
Revenons donc à nos moutons. Ah oui! Le Patriote de l’année est aussi intarissable lorsqu’il chante les louanges du Québec. "J’en ai fait cinq fois le tour depuis le début de ma carrière. Les Québécois ne se rendent pas compte à quel point ils vivent dans un endroit magnifique. Quelqu’un qui fait le tour du Québec une fois devient forcément indépendantiste. Dire qu’on possède les plus imposantes réserves d’eau douce de la planète… qu’on est malheureusement en train de vendre à nos voisins du sud. On se vend. On ne réalise même pas qu’on ne vit plus dans une démocratie, mais dans une corporocratie. On vote pour des gens qui écoutent des gens pour lesquels nous n’avons pas voté. On le voit avec Orford, c’est une affaire de chums. Et en plus, on est dirigé par quelqu’un qui connaît mal le Québec…"
Mais bon, revenons à nos moutons. C’est vrai que l’Haïtien d’origine est toujours aussi préoccupé par le sort de son pays, et engagé dans son affirmation. "Le budget annuel du gouvernement d’Haïti est de 400 millions de dollars, pour 8 millions de personnes; or, il s’y transige pour 20 milliards de dollars de drogue annuellement… C’est à qui ce pays-là, d’après toi? On n’entend jamais parler de ça dans les médias! À côté d’Haïti, tu as la République dominicaine, dont les plantations de canne à sucre appartiennent aux Américains. Le sucre, c’est le deuxième plus gros lobby après les armes, aux États-Unis. Si tu augmentes le prix du sucre, ça cause de l’inflation. Or, les Haïtiens vont couper de la canne à sucre pour 1 $ par jour en République dominicaine. Si ces pays sont dans la merde, c’est qu’il y a des gens qui veulent qu’il en soit ainsi. Donc, la vraie question n’est plus de savoir si je suis pro ou anti-Aristide, comme on me l’a demandé si souvent!"
Et ces moutons? On y arrive! Après un dernier détour par l’Afrique. "Tu veux parler des conflits armés là-bas? Parfait. Il n’y a aucune arme marquée made in Africa en Afrique. Poutine s’enorgueillit d’avoir doublé ses ventes d’armes l’an dernier, et souhaite les tripler cette année! On ne parle plus de théorie paranoïaque, ils le disent même publiquement!"
Ne vous en faites pas: toutes ces préoccupations qui habitent Luck le quittent dès qu’il met son pied dansant sur scène. Ainsi, après avoir fait swinguer les braves sous la pluie ("Accueillez la pluie! Pensez à ceux qui n’en ont pas assez!") pendant le spectacle d’ouverture des Francos, Luck se promet tout un party, vendredi, au Spectrum, fort du succès de son dernier disque, Ti Peyi A, son plus accompli en carrière. Avec D.J., projections et déhanchements. Party brillamment mis en scène par sa compagne, Tania Kontoyanni, il va sans dire.
Le vendredi 16 juin à 19 h
Au Spectrum
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